Devant les journalistes à New York, la Sous-secrétaire générale à l’appui à la consolidation de la paix, Elizabeth Spehar, s’est dite « très heureuse » de voir aboutir ce texte commun, saluant « l’accord consensuel » obtenu « dans l’environnement actuel ».

Au fond, l’idée qui guide cette politique est simple : agir assez tôt pour éviter les rechutes de violence dans les pays anciennement secoués par un conflit.

Créée en 2005, l’architecture de consolidation de la paix repose sur trois composantes : une commission chargée de réunir les États autour de stratégies de sortie de crise ; un bureau d’appui (PBSO), qui coordonne l’action du système onusien auprès des gouvernements ; et un Fonds pour la consolidation de la paix, principal mécanisme financier de l’ONU pour prévenir les crises, mobilisable rapidement lorsque le reste du système ne suit pas.

La résolution adoptée mercredi réaffirme le rôle de ces trois piliers.

Un dispositif multiforme, mais un même objectif

Elizabeth Spehar a rappelé la vocation de cette architecture : accompagner les pays sortant d’un conflit ou engagés dans une transition fragile. « Quand l’encre d’un accord de paix est sèche, c’est là que commence le travail le plus difficile », a-t-elle expliqué, en évoquant la reconstruction d’institutions fragiles, la participation des femmes et des jeunes, ou encore la prévention des violences locales.

En Amérique centrale, par exemple, une évaluation menée au Guatemala montre qu’un appui aux mécanismes locaux de dialogue dans la vallée du Polochic a permis « une réduction significative des conflits liés à l’usage des terres ».

Le Fonds pour la consolidation de la paix a quant à lui soutenu des projets en Sierra Leone, au Libéria, en Gambie ou encore en République centrafricaine. Aux côtés de Mme Spehar, Macharia Kamau, président du groupe consultatif chargé d’orienter l’utilisation du fonds, a lui aussi salué l’adoption du texte. « L’ensemble des États membres ont reconnu la valeur d’investir dans un fonds qui aide les communautés à faire face à la dégradation de la paix », a souligné cet ancien ambassadeur du Kenya auprès de l’ONU.

Le cap du milliard, mais un déficit persistant

Le fonds vient d’atteindre un milliard de dollars d’engagements sur six ans – « deux tiers de ce que le Secrétaire général appelle de ses vœux », a indiqué Elizabeth Spehar –, mais les besoins restent considérables.

Macharia Kamau a insisté sur la nature même de ce qu’il décrit comme l’outil d’intervention rapide du Secrétaire général : « Le fonds est conçu pour être déployé lorsque le reste du système ne peut pas répondre à temps ou qu’il n’a pas l’agilité nécessaire ». Les États membres lui ont désormais garanti un financement annuel pérenne de 50 millions de dollars, une première. Mais l’objectif fixé par António Guterres demeure de disposer de 1,5 milliard de dollars pour intervenir au moment le plus critique.

Pour convaincre, les deux hauts responsables mettent en avant un argument qui parle aux capitales : la prévention coûte moins cher que la reconstruction. Elizabeth Spehar cite ainsi une étude du Fonds monétaire international (FMI) selon laquelle « chaque dollar investi dans la prévention pourrait générer entre 25 et 100 dollars d’économies ». Macharia Kamau renchérit : « Nous ne considérons pas la consolidation de la paix comme une dépense. Il s’agit d’un investissement pour ne pas se retrouver piégés dans ces guerres coûteuses ».

Un espace politique fragile, mais qui tient encore

Dans un multilatéralisme crispé, la résolution jumelle adoptée mercredi relève presque de l’exception. Les États y réaffirment leur soutien à une approche centrée sur la souveraineté nationale et la participation des sociétés civiles, deux conditions désormais essentielles pour accompagner des processus de paix davantage endogénéisés.

Macharia Kamau a enfin souligné un rôle souvent sous-estimé : celui de la médiatisation. « Faire connaître les avancées vertueuses est l’un des moyens les plus puissants pour renforcer le soutien au travail que nous accomplissons », a-t-il rappelé.

En célébrant ce consensus, les responsables onusiens savent pourtant que la consolidation de la paix reste un chantier dont les succès sont rarement visibles : une politique des « étincelles évitées », dans un monde où les incendies occupent tout l’espace. Mais pour un jour, au siège de l’ONU, l’idée même de paix préventive a retrouvé un peu de souffle.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

To submit your press release: (https://www.globaldiasporanews.com/pr).

To advertise on Global Diaspora News: (www.globaldiasporanews.com/ads).

Sign up to Global Diaspora News newsletter (https://www.globaldiasporanews.com/newsletter/) to start receiving updates and opportunities directly in your email inbox for free.