Cisjordanie : l’ONU dénonce une série d’exécutions sommaires « insensées »

Gaza, où l’armée israélienne a intensifié ses opérations militaires ces derniers jours, n’est pas le seul territoire palestinien à subir des violences meurtrières. Dans un communiqué de presse, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme dénonce une série d’« exécutions sommaires planifiées » par les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie.

« Il faut mettre fin à ces massacres insensés », martelle l’agence, qui appelle également Israël à traduire en justice « tous les responsables ».

Des exécutions filmées, des doutes sur la menace

Au cours des deux dernières semaines, neuf Palestiniens ont été tués dans des circonstances qui suscitent de vives inquiétudes. Deux d’entre eux auraient été victimes d’exécutions planifiées, tandis que sept autres auraient perdu la vie lors d’interventions au cours desquelles l’usage de la force semble « inutile ou disproportionnée ».

Le 8 mai, un Palestinien de 30 ans recherché par les autorités israéliennes a ainsi été abattu dans la vieille ville de Naplouse par une unité d’infiltration. Les images de vidéosurveillance consultées par les services de l’ONU montrent « un agent infiltré [qui] a tué l’homme alors qu’il tentait de se rendre, puis a tiré à nouveau sur lui alors qu’il gisait au sol, apparemment pour “confirmer le meurtre” ».

Le bureau des droits humains souligne que la vidéo ne corrobore pas les affirmations israéliennes selon lesquelles l’homme aurait été armé ou aurait représenté une menace pour les policiers.

Quelques jours plus tôt, le 2 mai, un autre Palestinien, âgé de 39 ans, a été pourchassé puis abattu dans le camp de réfugiés de Balata, à Naplouse également. Selon le communiqué, « bien que les forces de sécurité israéliennes aient affirmé avoir trouvé une arme et des cartouches dans sa voiture, elles n’ont pas indiqué qu’il représentait une menace pour la vie au moment où il a été abattu ».

L’agence fait également état d’un autre incident, survenu près du camp de réfugiés de Qalandiya à Jérusalem : un jeune Palestinien blessé par balle aurait été roué de coups à la tête par deux soldats israéliens, sans qu’aucune assistance médicale ne lui soit ensuite apportée. « Les soldats se sont ensuite éloignés, sans procéder à l’arrestation ni prodiguer de soins médicaux à l’homme », précise le communiqué.

Une femme israélienne tuée, des restrictrions renforcées 

Les violences touchent également la population israélienne. Le 15 mai, une femme enceinte de 30 ans a été tuée par des tirs attribués à des Palestiniens armés alors qu’elle se rendait à l’hôpital pour accoucher, à proximité de la colonie de Brukhin, dans le nord de la Cisjordanie. Son mari, qui conduisait le véhicule, a été grièvement blessé, selon des sources médiatiques.

En réaction à cette attaque, les forces israéliennes ont durci les restrictions de circulation, notamment autour de Burqin et de Salfit, dans le centre de la Cisjordanie. Un ministre israélien a, dans la foulée, appelé à la « destruction » de villages palestiniens, une déclaration qui a provoqué l’indignation.

Le bureau des droits de l’homme rappelle qu’« Israël doit s’assurer que les mesures adoptées à la suite de l’attaque sont conformes au droit international, notamment à l’interdiction des punitions collectives ».

Des écoles vides à Jérusalem-Est

Les tensions affectent aussi le droit à l’éducation. L’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, a indiqué que ses écoles à Jérusalem-Est restaient désespérément vides, une semaine après leur fermeture imposée par les forces israéliennes. Près de 800 élèves sont ainsi privés d’enseignement.

« Les écoles qui dispensent un enseignement depuis des décennies sont désormais silencieuses, et le quotidien de ces enfants a été bouleversé », a dénoncé Roland Friedrich, directeur des opérations de l’UNRWA pour la Cisjordanie. Il a ajouté que les forces israéliennes étaient revenues dans les établissements du camp de Shu’fat, y pénétrant de force pour « vérifier clairement qu’aucune activité éducative n’y avait lieu ».

« Des personnels lourdement armés ont également sillonné les cours d’école à la recherche d’enfants et d’enseignants », a-t-il précisé.