Derrière ces données chiffrées se dessine une conviction : le soutien aux pays les plus pauvres n’est pas un acte de bienfaisance, mais un investissement collectif dans un avenir plus stable et plus équitable.

C’est cette idée que les Nations Unies entendent défendre à la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4), qui s’ouvrira lundi 30 juin à Séville, en Espagne. L’objectif : mobiliser des fonds publics et privés pour remettre sur les rails les objectifs de développement durable (ODD), largement dévoyés depuis leur adoption en 2015.

L’économie du bon sens

À quelques jours du sommet, les chiffres circulent. Un dollar dollar par personne et par an investi dans la lutte contre les maladies non transmissibles permettrait d’éviter près de sept millions de décès d’ici à 2030. Un dollar placé dans la prévention des catastrophes naturelles épargne jusqu’à 15 dollars en reconstruction.

Ce ne sont pas des miracles, mais des résultats mesurables. Les mathématiques, elles, ne s’embarrassent ni d’idéologie ni de frontières : elles traduisent, en équations, les effets de politiques publiques bien orientées.

Pourtant, le financement du développement reste mal compris. Certains y voient une forme d’assistanat, d’autres un levier d’influence pour les puissances donatrices. Entre incompréhensions et récupérations politiques, la mobilisation des fonds s’essouffle.

En juin 2024, Sharifa (à droite), 15 ans, aide sa jeune sœur Madina, 13 ans (à gauche) à étudier. Toutes deux étaient déscolarisées depuis près de trois ans.

Loin de la charité

Le dernier rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), consacré aux femmes entrepreneures en Afghanistan, tente de déconstruire ces idées reçues. Ces femmes, indique le texte, ne demandent ni aide humanitaire ni exception : elles souhaitent simplement avoir une chance de réussir. En créant des entreprises, elles gagnent en autonomie, soutiennent leurs familles et renforcent le tissu économique local.

Garanties de prêts, accès facilité au crédit, conditions préférentielles sur les marchés internationaux : ces leviers peuvent faire la différence, en Afghanistan comme ailleurs. Encore faut-il les activer.

Un sommet sous tension

Adopté la semaine dernière à New York par les délégations onusiennes, le projet de document final – qui sera entériné la semaine prochaine à Séville – trace les contours d’un nouveau cadre de financement pour les années à venir. Mais ce Compromis de Séville ne fait pas l’unanimité.

Les États-Unis ont annoncé qu’ils ne participeraient ni aux négociations finales ni à la conférence. Un signal politique fort, qui affaiblit le message de coopération multilatérale que l’ONU souhaite promouvoir.

Quelques pays, à l’instar de l’Espagne – hôte du sommet – ont pourtant augmenté leur effort. Madrid a relevé de 12 % son budget d’aide publique au développement. Mais ce geste demeure isolé dans un contexte où le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, déplore une « remise en cause active de la collaboration internationale ».

Les chiffres confirment cette alerte : le déficit annuel de financement du développement est désormais estimé à 4.000 milliards de dollars. En 2023, les pays en développement ont versé un montant record de 1 400 milliards au titre du service de leur dette extérieure – le niveau le plus élevé depuis vingt ans.

Panneaux à l’effigie des objectifs de développement durable de l’ONU, au siège des Nations Unies.

Le piège de la dette

Aujourd’hui, plus de 1,1 milliard de personnes vivent dans des pays où le remboursement de la dette absorbe plus de 20 % des recettes publiques. Dans d’autres, ce ratio dépasse 10 %. Autant de moyens soustraits à l’investissement dans la santé, l’éducation, ou les infrastructures essentielles.

Pour Jayati Ghosh, professeure d’économie à l’université du Massachusetts à Amherst, « une véritable avancée à Séville nécessitera que d’autres pays comblent le vide laissé par les grandes puissances et affichent un engagement crédible en faveur de la coopération multilatérale ».

Cela implique, selon elle, une réforme structurelle du système financier international, accusé de maintenir des taux d’intérêt prohibitifs pour les pays du Sud tout en protégeant les intérêts des économies les plus riches. Les taux pratiqués aujourd’hui par les créanciers privés n’ont jamais été aussi élevés depuis quinze ans.

Un agenda partagé

Pourtant, l’agenda est clair : éradiquer la faim, promouvoir l’égalité entre les sexes, préserver l’environnement, faire face aux dérèglements climatiques, protéger les océans. Ces objectifs, portés par les 193 États membres de l’ONU depuis 2015, sont loin d’être atteints. Et ils sont, à nouveau, contestés par certaines franges idéologiques qui dénoncent un « programme extrémiste ».

Face à ces voix critiques, Ana Granados Galindo, secrétaire d’État espagnole à la coopération internationale, insiste : « Ceux qui rejettent l’aide au développement et le multilatéralisme sont minoritaires. » Elle voit en la conférence de Séville « un phare de solidarité mondiale ».

Reste à savoir si ce sommet, attendu comme un moment de relance, parviendra à surmonter le désengagement politique des plus grands contributeurs. Car si les femmes afghanes, les économistes et les statistiques s’accordent sur une chose, c’est que le développement n’a rien de magique : il repose sur des choix collectifs, rationnels, et urgents.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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