Devant les quinze membres du Conseil, Mohamed Khaled Khiari, Sous-Secrétaire général des Nations Unies pour le Moyen-Orient, a lancé un avertissement clair : « La Syrie est confrontée à un nouvel épisode de violence, remettant en cause sa trajectoire vers une transition politique pacifique, crédible, ordonnée et inclusive ». Il a mis en garde contre une « escalade » aux effets potentiellement déstabilisateurs pour toute la région.

Le sud de la Syrie en crise

Au cœur des préoccupations : le gouvernorat de Souweïda, bastion de la minorité druze, est le théâtre d’affrontements sanglants depuis le 12 juillet entre milices locales et tribus bédouines. Lundi, les autorités syriennes ont déployé des forces de sécurité dans la zone, dont certaines ont été attaquées, selon Damas : dix agents auraient été tués et d’autres enlevés. 

Mais le déploiement de ses forces a aussi donné lieu à de graves violations contre les civils. « Des informations alarmantes font état d’exécutions extrajudiciaires, d’actes de torture et de traitements dégradants infligés à des civils, à des figures religieuses et à des détenus. Des images montrant la profanation et la mutilation de cadavres, ainsi que des appels à la haine confessionnelle », a indiqué M. Khiari.

L’intervention de Damas a ravivé les méfiances dans une région où l’autorité du pouvoir central, affaibli depuis la chute du dictateur Bachar al-Assad en décembre 2024, est contestée. 

Israël justifie ses frappes, l’ONU s’inquiète

C’est dans ce contexte que les forces de défense israéliennes ont mené, entre le 12 et le 16 juillet, une série de frappes aériennes contre des installations militaires syriennes à Souweïda, Deraa, mais aussi au cœur de Damas, ciblant notamment le ministère de la défense et l’aéroport militaire de Mazzeh.

Israël a assumé son action devant le Conseil. « Ce que nous voulons, c’est protéger nos frontières et la vie et la dignité du peuple druze de Syrie », a affirmé son représentant, dénonçant ce qu’il estime être le silence international face aux persécutions. « La communauté druze en Israël fait partie intégrante de la grande communauté druze », a-t-il souligné. Il a assuré que les frappes avaient pour but de prévenir de nouvelles violences et rappelé qu’un cessez-le-feu avait été conclu mercredi. « Loin de nous l’idée de nous impliquer dans la politique interne de la Syrie ».

L’ONU, quant à elle, n’est pas convaincue. « Je m’associe à la condamnation par le Secrétaire général de ces frappes […] conduisant à l’escalade », a déclaré Mohamed Khiari, appelant Israël et la Syrie à respecter l’accord de désengagement de 1974. Signé entre Israël et la Syrie après la guerre du Kippour, ce dernier établit une zone tampon sur le plateau du Golan syrien, dont une partie est occupée par Israël depuis 1967. Selon M. Khiari, ces attaques « sapent les efforts de reconstruction d’une Syrie en paix avec elle-même et avec la région ».

Des soldats de la paix de la Force des Nations Unies chargée d’observer le dégagement (FNUOD) dans le Golan syrien.

La Syrie dénonce une agression

Pour Damas, les frappes israéliennes constituent « une violation flagrante de la souveraineté d’un État Membre des Nations Unies ». Le représentant syrien au Conseil a rejeté catégoriquement les justifications israéliennes, qu’il considère comme une prolongation « de la politique d’occupation » visant à « entraîner la Syrie dans un conflit ». 

Il a défendu la légitimité du président syrien par intérim Ahmed Al-Charaa – l’ancien chef rebelle islamiste ayant renversé al-Assad – à intervenir pour « rétablir la sécurité », prévenir les abus, et « traduire les auteurs de crimes en justice ». Il a promis que la Syrie « ne reculera pas » face aux menaces internes et externes, et a salué le soutien international contre le terrorisme et les trafics qui déstabilisent le pays.

Les grandes puissances divisées

Une fois n’est pas coutume, les réactions au sein du Conseil ont révélé des positions contrastées. La Russie, ancienne alliée du régime d’al-Assad, a dénoncé les actes militaires « arbitraires » d’Israël, tout en alertant sur les risques de « nettoyage ethno-confessionnel » des mains des nouvelles autorités syriennes. « La prétendue lutte contre les vestiges du régime et les éléments pro-Assad ne saurait cacher une entreprise de marginalisation violente », a déclaré son représentant. 

Les États-Unis, de leur côté, ont déclaré qu’ils n’avaient « pas appuyé » les frappes israéliennes. Leur représentante a indiqué que Washington menait « des consultations au plus haut niveau » sur la situation, et a réaffirmé son soutien à l’unité de la Syrie et à une solution politique inclusive. Elle a exhorté le gouvernement syrien à enquêter sur les violations commises contre les minorités et à éviter toute instrumentalisation des tensions.

© UNOCHA/Ali Haj Suleiman

En Syrie, les habitants reconstruisent leur vie après de longues années de guerre civile.

Une trêve fragile, un avenir incertain

Le cessez-le-feu annoncé jeudi entre les autorités syriennes et des chefs religieux druzes, prévoit le retrait des forces de Damas et la gestion locale de la sécurité par des factions communautaires. Mais l’accord reste incertain, rejeté par certaines milices. Des violences ont été signalées contre des communautés bédouines après le départ des forces gouvernementales.

« La stabilité de Souweïda, et plus largement de la Syrie post-Assad, ne pourra être assurée que par une véritable réconciliation et l’inclusion de toutes les composantes de la société syrienne », a insisté Mohamed Khiari, en saluant les médiations en cours menées par les États-Unis, la Turquie et plusieurs pays arabes.

L’ONU continue d’appeler à la mise en œuvre de la résolution 2254, adoptée en 2015, qui prévoit un processus politique dirigé par les Syriens, avec l’appui des Nations Unies. Mais 14 ans après le début du soulèvement syrien, la fragmentation du pays, les ingérences extérieures et la résurgence des haines communautaires rendent la perspective d’un règlement toujours plus lointaine.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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