Vendredi, au siège des Nations Unies, le Conseil de sécurité s’est une nouvelle fois penché sur l’une des pires tragédies humanitaires contemporaines. Mais plus que les diplomates, ce sont les faits qui parlent : des lignes de front mouvantes, des drones dans le ciel, des barils explosifs largués sur des mosquées.
Né en avril 2023 d’une lutte de pouvoir entre l’armée régulière, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Dagalo, ce conflit interne a entraîné le pays dans une spirale de violences et d’effondrement, à l’image de la famine, qui se propage à travers le pays depuis l’an dernier.
Des civils pris en étau
Martha Pobee, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, a dressé devant le Conseil un constat glaçant. « Les lignes de front évoluent sans cesse, [et] les frappes aériennes, souvent indiscriminées, menées aussi bien par les forces armées soudanaises que par les Forces de soutien rapide, se multiplient », a-t-elle averti.
Les combats se sont particulièrement intensifiés dans les régions du Kordofan, devenues l’« épicentre des affrontements », où des échanges de tirs d’artillerie se déroulent sur plusieurs fronts. El-Obeid, capitale du Kordofan du Nord et carrefour stratégique, est au cœur des tensions et pourrait, à tout moment, basculer dans les combats. « Trop de vies ont été perdues. Trop de traumatismes ont été infligés. Le risque d’un embrasement régional est trop élevé pour que ce conflit perdure », a lancé Mme Pobee.
Les sanctions peinent à infléchir le cours de la guerre
Dans ce paysage d’effondrement, Joonkook Hwang, ambassadeur de la République de Corée et président du comité créé par la résolution 1591 du Conseil, a rappelé les objectifs du dispositif onusien mis en place en 2005 : instaurer un embargo sur les armes, imposer des sanctions ciblées contre les fauteurs de guerre, et contribuer au rétablissement de la paix au Darfour.
Ce régime, toujours en vigueur, vise à empêcher toute escalade militaire de la part des autorités comme des groupes armés. « Le Comité 1591 demeure résolu à coopérer avec l’ensemble des parties concernées afin d’atteindre [cet] objectif », a-t-il affirmé, à l’issue d’un bref bilan d’étape.
Désastre humanitaire
Mais c’est Shayna Lewis, de l’organisation américaine PAEMA pour la prévention et l’élimination des atrocités de masse, qui a bouleversé l’assemblée. Tout juste rentrée du pays, elle a raconté ce que peu de diplomates peuvent dire : le quotidien d’une guerre totale. « Une balle perdue a transpercé les murs de son domicile et lui a brisé la jambe. Elle me parlait, les os maintenus par des broches métalliques », dit-elle d’une fillette rencontrée à l’hôpital Al Nao, dans la région de Khartoum.
Mme Lewis a évoqué les enfants mutilés par des restes d’explosifs, les « 16 viols d’enfants de moins de cinq ans, dont quatre nourrissons d’un an » recensés par l’UNICEF, les soignants épuisés, les hôpitaux transformés en cibles.
À l’hôpital Ahmed Gasim, également à proximité de la capitale, les Forces de soutien rapide ont « détruit le seul appareil IRM cardiaque du Soudan, arraché les câbles électriques, saboté les machines qu’elles ne pouvaient emporter, notamment les respirateurs pédiatriques ». Ailleurs, l’armée soudanaise larguent des barils incendiaires, frappent les marchés et les mosquées. « Toutes ces violations contre les civils doivent cesser immédiatement », martèle-t-elle.
Plus de quinze millions d’enfants ont besoin d’aide humanitaire. Un tiers souffre de malnutrition aiguë.
Un peuple debout
Pourtant, malgré le fracas des armes, une autre dynamique persiste : celle d’un peuple debout. Shayna Lewis voit dans la société soudanaise un sursaut, une résilience. « Leur rêve de paix, de justice et de liberté n’est pas un mythe. Il vit dans les rues du Soudan. Dans les hôpitaux publics, où des médecins continuent de soigner bénévolement leurs communautés malgré deux ans sans salaire ». Il vit dans les cuisines collectives, les réseaux d’entraide, et dans cette petite fille blessée, « qui rêve d’un foyer sûr, d’un retour à l’école, et d’un pays en paix ».
« Le Soudan porte une espérance – encore faut-il ouvrir les yeux et le cœur pour l’entendre ».
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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