« Je considère Tawila comme l’un des épicentres de ce qui est clairement une catastrophe humanitaire », a-t-elle déclaré. Située à une cinquantaine de kilomètres seulement d’El Fasher, capitale assiégée du Darfour du Nord, la ville accueille aujourd’hui environ 600.000 personnes déplacées, dont la plupart ont fui cette métropole encerclée, ainsi que le camp voisin de Zamzam, attaqué au printemps.

Au total, plus de 10 millions de Soudanais ont dû fuir leur foyer depuis le déclenchement de la guerre civile il y a deux ans et demi.

Une guerre sans répit

Le conflit oppose l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire dont l’ancrage remonte aux milices janjawid, responsables d’atrocités au Darfour dans les années 2000. Le 15 avril 2023, la rivalité entre le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée soudanaise, et Mohamed Hamdan Daglo, dit Hemetti, commandant des FSR, a basculé en guerre ouverte. Depuis, le pays s’est fragmenté en zones assiégées, champs de bataille urbains et corridors minés, plongeant une population épuisée dans une crise humanitaire d’une ampleur inédite.

El Fasher, dernier grand centre urbain du Darfour encore tenu par l’armée, est encerclée depuis plus d’un an. Sa chute ouvrirait la voie à un contrôle total des FSR dans cette région, en proie depuis 2024 à un état de famine. 

C’est de cette ville que continuent d’affluer des milliers de civils, fuyant à pied les bombardements et les pillages. « Hier matin, j’ai rencontré une femme qui venait d’arriver d’El Fasher avec ses quatre enfants, de jeunes enfants – trois sur son âne, un sur son dos », a relaté Mme Brown. La famille est parvenue à atteindre Tawila après sept jours de voyage à travers des villages isolés, en restant à l’écart des routes principales. « Et bien sûr, le bébé souffrait de malnutrition sévère ».

Violence sexuelle et malnutrition de masse

La coordinatrice humanitaire a mis en garde contre l’explosion d’abus et de violences à l’encontre des civils dans la région. Elle a évoqué en particulier les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre : viols individuels ou collectifs, esclavage sexuel. « Depuis que je suis ici, je parle à des survivantes, de ce qu’elles vivent… Je n’ai vu aucun signe de ralentissement de cette situation horrible ».

La malnutrition, aggravée par la flambée des prix et l’effondrement des chaînes d’approvisionnement, frappe les plus vulnérables. « L’accès à l’eau potable est limité. L’assainissement est incroyablement médiocre et c’est pourquoi nous sommes confrontés à une épidémie de choléra et de dengue », a-t-elle ajouté, avant de lancer : « Arrêtez la violence. Arrêtez la guerre. Laissez-nous passer ! ». 

Des moyens dérisoires

Le plan de réponse humanitaire pour le Soudan n’est financé qu’à hauteur de 25 %. À Nertiti, autre site majeur pour personnes déplacées dans la région du Darfour, aucun service n’est actuellement assuré faute de moyens. « Chaque réunion à laquelle j’ai assisté depuis mon arrivée au Soudan a porté sur des besoins énormes et urgents – et la réponse limitée. Parce que nous n’avons tout simplement pas les ressources nécessaires pour faire plus », a résumé Denise Brown.

Elle a insisté sur le fait que les Nations Unies ne peuvent acheminer vivres et médicaments que s’il existe des garanties de passage en toute sécurité, aujourd’hui inexistantes. « Nous avons déjà perdu plus de 120 travailleurs humanitaires depuis le début de la guerre », a-t-elle rappelé, soulignant le prix payé par ceux qui tentent de secourir les populations piégées.

Un cri d’alarme supplémentaire

À l’instar du responsable des Nations Unies pour les droits humains, Volker Türk, qui alertait la veille sur le risque d’atrocités de masse à El Fasher, Denise Brown a mis des mots crus sur la tragédie soudanaise. 

Mais pour l’heure, les appels à un cessez-le-feu du Secrétaire général de l’ONU restent lettre morte, tandis que le siège d’El Fasher se resserre jour après jour.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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