Actuellement en visite en Afghanistan, Tom Fletcher est lui-même le témoin des conséquences de la chute des financements humanitaires. « Ici, quatre cents cliniques ont fermé ces dernières semaines. Cela a un impact très réel, et pour moi, c’est devenu beaucoup plus concret au cours de ce voyage », confie-t-il dans un entretien à ONU Info. 

Les principaux donateurs internationaux ont en effet réduit considérablement leurs contributions cette année, au premier rang desquels les États-Unis, dont la quasi-totalité de l’aide extérieure est gelée, depuis le mois de janvier, par la Maison Blanche. Or, le pays est à l’origine de près de la moitié des fonds mondiaux alloués à l’aide humanitaire. 

Dans ce contexte, les organisations non gouvernementales, en particulier celles implantées au niveau local, licencient en masse. « Ce sont elles qui sont les plus touchées », regrette M. Fletcher.

Le haut fonctionnaire onusien ne manie pas la langue de bois, y compris dans ses échanges privés avec les responsables politiques. « Nous essayons parfois de le dire de manière plus douce, mais au fond, bien sûr, des gens mourront. C’est la grande tragédie au cœur de tout cela ».

Entre résignation et cynisme

Face à ces avertissements, les réponses politiques varient. « Il y a, d’un côté, ceux qui coupent à contrecœur, contraints par des économies en difficulté et la pression de leurs contribuables. Et de l’autre, ceux qui, je le crains, s’en félicitent ouvertement ». À l’égard de ces derniers, le chef de l’humanitaire à du mal à contenir son indignation : « J’aimerais les emmener rencontrer une mère qui a perdu son enfant après avoir dû parcourir trois heures à vélo, enceinte, pour atteindre l’hôpital ».

Pour autant, il refuse de céder au découragement. Malgré les coupes budgétaires de 20 % annoncées, dès février, pour la branche humanitaire de l’ONU, dite l’OCHA, et la perspective d’une contraction totale d’un tiers du secteur humanitaire, Tom Fletcher affirme vouloir maintenir le cap. « L’argent supprimé ne reviendra pas de sitôt, et il pourrait y avoir d’autres coupes. Nous devons travailler avec l’argent que nous avons, pas avec celui dont nous aurions besoin ».

Réformer dans la douleur

Face à cette réalité, les Nations Unies initient une « remise à plat humanitaire » : réduction des effectifs, recentrage des priorités, élimination des redondances. « Nous devenons plus petits, en essayant de minimiser les dégâts pour nos actions vitales. En parallèle, nous devenons plus efficaces et plus intelligents », assure M. Fletcher, qui a lancé dès son arrivée une vaste initiative d’amélioration de l’efficacité, soutenue par les dirigeants et partenaires des agences des Nations Unies, connus collectivement sous le nom de Comité permanent interorganisations, ou IASC.

L’un des axes majeurs de cette réforme consiste à travailler davantage « au plus près des communautés », et à mettre fin aux luttes de pouvoir entre agences. Il s’agit, selon lui, de « se concentrer sur ce que chacun fait de mieux et sur la valeur ajoutée que nous pouvons offrir ».

Des soutiens qui persistent

Dans ce contexte morose, le chef de l’OCHA souligne que certains États restent engagés. « Un certain nombre de donateurs tiennent bon malgré la crise », indique-t-il, citant aussi l’émergence de nouveaux partenaires. « J’étais récemment dans le Golfe et en Chine : l’engagement s’y approfondit ».

L’ouverture au secteur privé constitue une autre piste pour combler le déficit croissant. Il plaide pour une « conversation nouvelle autour de la solidarité », incluant citoyens, entreprises et fondations. Il se dit également encouragé par la position affichée par Marco Rubio, actuel secrétaire d’État américain : « Je suis très positif sur la manière dont il a évoqué la nécessité de protéger l’aide vitale ».

Trois objectifs pour un mandat incertain

À la tête d’un service soumis à rude épreuve, Tom Fletcher confie que son premier objectif est modeste : « Survivre le plus longtemps possible ». Le rythme des voyages, l’ampleur des crises, l’épuisement des équipes rendent la tâche ardue. Mais il affiche aussi une ambition plus vaste : « Réformer le secteur humanitaire pour qu’il agisse plus efficacement, plus près des bénéficiaires ».

Son objectif ultime, lui, demeure inchangé : « Sauver des vies. C’est notre travail. Sauver des centaines de millions de vies et mesurer chacune de nos actions à cette aune-là ».

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

To submit your press release: (https://www.globaldiasporanews.com/pr).

To advertise on Global Diaspora News: (www.globaldiasporanews.com/ads).

Sign up to Global Diaspora News newsletter (https://www.globaldiasporanews.com/newsletter/) to start receiving updates and opportunities directly in your email inbox for free.