« La plus grave crise des droits des femmes au monde est en train de se banaliser », s’impatiente la représentante d’ONU Femmes pour le pays, depuis Kaboul.

En dépit des obstacles insurmontables auxquels elles sont confrontées, les Afghanes ne baissent pas les bras. D’après une enquête réalisée par son agence auprès de 2.000 d’entre elles, 40 % des sondées imaginent encore un avenir où « le changement et l’égalité sont possibles » – un acte de résistance personnelle, alors que les trois quarts des femmes interrogées jugent leur santé mentale « mauvaise », voire « très mauvaise ».

Une loi particulièrement scélérate

Un tournant décisif a été pris en 2024, avec l’adoption de la « loi sur la promotion de la vertu et la prévention du vice ». Ce texte drastique interdit toute représentation artistique de figures humaines, empêche les femmes de s’exprimer publiquement, notamment à la radio, et autorise un corps de plus de 3.300 agents masculins à faire appliquer ces règles patriarcales. Dans les faits, parents, voisins et commerçants se muent désormais en véritables censeurs publics, par pression sociale ou par crainte de représailles.

Ces restrictions touchent tous les domaines de la vie : fermeture des écoles secondaires et universités aux filles, interdiction d’accès aux parcs et aux salles de sport, défense de travailler dans certains secteurs professionnels, comme les médias. Résultat : près de 80 % des Afghanes âgées de 18 à 29 ans ne sont ni scolarisées, ni employées, ni en formation, contre 20 % des hommes.

Un coût humain et économique colossal

L’exclusion massive des femmes et des filles coûtera au pays environ 920 millions de dollars entre 2024 et 2026, selon Susan Ferguson. À ces pertes économiques, s’ajoute une crise sanitaire : hausse attendue des mariages précoces (+25 % d’ici 2026) et explosion des grossesses adolescentes (+45 %) et de la mortalité maternelle (+50 %). 

La fin des affrontements armés dans le pays n’a même pas apporté au femme la sécurité : nombre d’Afghanes se disent toujours en danger dans leur communauté ou leur foyer.

Le constat est d’autant plus amer que la chute du gouvernement taliban en 2001, suite à l’invasion américaine du pays, s’était accompagnée d’une amélioration tangible de la conditions des femmes afghanes. Dans une déclaration, Audrey Azoulay, la directrice générale de l’UNESCO, l’agence onusienne chargée de défendre l’éducation, rappelle notamment qu’entre 2001 et 2021, le taux de scolarisation des filles en âge de fréquenter l’école primaire est passé de zéro, ou presque, à plus de 80 %. Le taux d’alphabétisation des femmes a quant à lui presque doublé. 

Mais depuis le retour des talibans au pouvoir, ces acquis s’effondrent : près de 2,2 millions de filles sont désormais privées d’école au-delà du primaire.

Des retours forcés qui aggravent la crise

Cette année, le retour souvent forcé de plus de 1,7 million d’Afghans réfugiés en Iran et au Pakistan, ajoute à la catastrophe. De nombreuses femmes revenant dans le pays se retrouvent sans logement, sans revenu, sans accès à l’éducation ou aux soins, dans des communautés épuisées par la crise économique.

Dans ce contexte, les organisations dirigées par des femmes sont en première ligne, mais vacillent. La moitié de leurs employées ont déjà perdu leur poste, et plus d’un tiers des structures préviennent qu’elles devront réduire ou cesser leurs activités si la situation perdure.

« Un autre avenir est possible »

Depuis Genève, des experts indépendants de l’ONU exhortent la communauté internationale à « rejeter le régime violent et autoritaire des talibans » et à s’opposer à toute normalisation. « Le système institutionnalisé d’oppression fondée sur le genre mis en place par les talibans est si grave qu’il constitue un crime contre l’humanité », affirment-ils dans un communiqué de presse, soutenant les mandats d’arrêt récemment émis par la Cour pénale internationale contre deux dirigeants talibans.

Les experts appellent à une « approche mobilisant tous les leviers » : création d’un mécanisme d’enquête complémentaire, inscription du crime d’« apartheid fondé sur le genre » dans le droit international, soutien accru à la société civile et aux organisations féminines, financement de l’aide humanitaire et protection renforcée des réfugiés.

« La situation en Afghanistan est dramatique, mais elle ne doit pas être considérée comme une cause perdue. Un autre avenir est possible », assurent-ils.

Résister, malgré tout

Face à l’étau qui se resserre, des Afghanes continuent d’agir : monter une petite entreprise, suivre des cours clandestins, aider d’autres femmes à obtenir un soutien, témoigner dans des forums internationaux. 

L’UNESCO soutient des méthodes d’apprentissage alternatives dans 2.600 villages, forme des animateurs communautaires et appuie les médias diffusant des programmes éducatifs à une audience estimée à 17 millions de personnes. Mais ces initiatives restent fragiles et menacées.

« Nous ne pouvons pas accepter ce déni de droits comme une nouvelle norme », insiste Susan Ferguson. « Nous devons défendre toutes les femmes et les filles d’Afghanistan ».

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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