En peu de temps, ce qui avait mis deux décennies à se construire a été démantelé : le droit à l’éducation, à l’emploi, à la liberté de mouvement. Pourtant, dans les interstices du régime taliban qui les bâillonne, certaines Afghanes résistent encore. C’est le cas d’Athar, Mehrgan ou encore Lina, qui luttent pour créer leur entreprise, gérer une association ou travailler comme journaliste.

À l’occasion du quinzième anniversaire d’ONU Femmes, l’agence, basée à New York, est allée à la rencontre de celles qui, contre toute logique, refusent de renoncer à leur avenir en Afghanistan.

« Parfois, je me demande comment garder espoir dans ces ténèbres », murmure Fariba, qui venait tout juste de commencer ses études lorsque les femmes ont été interdites de se rendre à l’université. Tout comme les autres Afghanes interrogées dans cet article, son nom a été modifié par souci de sécurité. « Mais je reste optimiste », confie-t-elle. « L’obscurité finira par se dissiper ».

Une terre de non-droit

Selon l’indice de genre pour l’Afghanistan 2024, le pays accuse un retard qualifié de « catastrophique » en matière d’égalité. Près de 80 % des jeunes femmes sont sans emploi, sans formation, sans école. Aucune ne siège au gouvernement ni dans les instances locales.

Depuis 2021, plus de 80 décrets, édits et interdictions ont méthodiquement démantelé ce qu’il restait des droits féminins : fin de l’enseignement secondaire, des carrières professionnelles, de l’accès aux parcs, aux salles de sport, aux lieux de loisirs. Une vie faite de murs et de silence.

Pourtant, dans cette longue nuit, des voix s’élèvent encore. Celle d’Athar, par exemple, qui rêvait de devenir ingénieure et qui est parvenue à monter une boutique en ligne. « Il y a toujours une issue aux difficultés », affirme-t-elle.

Une solidarité persistante

Depuis quinze ans, ONU Femmes accompagne les Afghanes sans relâche. Présente sur le terrain, l’agence reste aujourd’hui l’un des rares piliers internationaux encore debout à leurs côtés.

« Il ne s’agit pas seulement des droits – et de l’avenir – des femmes et des filles afghanes », déclare Susan Ferguson, une employée d’ONU Femmes. « C’est une question de principes universels. Si nous laissons les femmes d’Afghanistan réduites au silence, nous envoyons le message que les droits des femmes dans le monde entier peuvent être sacrifiés ».

Cet engagement ne faiblit pas. En 2024, plus de 200 organisations dirigées par des femmes ont été soutenues par l’agence. Le programme Reconstruire le mouvement des femmes, financé par plusieurs gouvernements européens, agit dans les 34 provinces afghanes. Il a permis à 140 structures locales de survivre, de rouvrir leurs portes, d’accueillir, de former, de créer des espaces sûrs et solidaires. Plus de 16.000 femmes en ont déjà bénéficié.

À Kunduz, Mehrgan dirige l’une de ces organisations. Faute de moyens, elle avait dû suspendre ses activités. Grâce à ONU Femmes, elle a relancé son action, aidant désormais d’autres collectifs à faire de même. « Je continuerai à être solide, en tant que femme, pour en soutenir d’autres », affirme-t-elle. « J’écoute leurs histoires. Cela leur donne de l’espoir. Et moi aussi, cela me renforce ».

Des travailleuses dans une entreprise de couture en Afghanistan.

À la frontière, une écoute féminine

Depuis septembre 2023, plus d’un million d’Afghans sont rentrés chez eux, après avoir trouvé refuge au Pakistan. Parmi eux, de nombreuses femmes et filles, épuisées, inquiètes, souvent seules.

À leur arrivée, parler de leurs besoins devient un défi, surtout face à des hommes. Pour y répondre, ONU Femmes a mis en place des guichets réservés aux femmes, tenus par des travailleuses humanitaires et des ONG locales. Ces espaces de parole sécurisés leur offrent réconfort, informations et orientation vers les services de base.

« Beaucoup racontent les circonstances bouleversantes de leur expulsion », confie l’une de ces travailleuses. « Nous les rassurons… Nous sommes comme vous. Voici les aides auxquelles vous pouvez accéder ».

Redonner une voix au silence

Depuis 2022, ONU Femmes organise, chaque trimestre, des consultations dans les 34 provinces. Dans un pays où les femmes sont exclues de la vie publique, ces réunions sont essentielles. Des milliers d’entre elles, même dans les régions les plus isolées, ont ainsi pu faire entendre leur voix. Leurs témoignages orientent les actions de terrain et alimentent les débats au Conseil de sécurité de l’ONU et dans la presse internationale.

Une lumière ténue, mais vivace

Chaque formation, chaque emploi, chaque service soutenu est une flamme qui tient dans la tempête. Le retour des femmes sur la scène publique n’est pas une hypothèse lointaine : c’est une promesse qu’elles s’échinent à préserver.

« Les couleurs de l’arc-en-ciel se sont éteintes dans ma vie », souffle Anita. « Mais à mes sœurs, je dis : n’abandonnez jamais… Les obstacles ne doivent pas nous arrêter ».

Et Lina, ancienne journaliste, de conclure : « Les femmes veulent avoir le droit de décider, pas seulement chez elles, mais aussi au gouvernement et ailleurs. Elles veulent une éducation. Elles veulent leurs droits ».

Elles n’ont pas disparu. Elles attendent. Elles s’organisent. Et, un jour, elles reprendront leur place au cœur de l’histoire afghane.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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