Ils sont venus d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine. Dans les couloirs du palais des congrès de la capitale andalouse, qui abritait cette semaine la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, ces militants n’ont eu de cesse de le répéter : les engagements intergouvernementaux n’ont de sens que s’ils touchent ceux qui vivent en première ligne – de la crise climatique, de la dette et de l’inflation.
Pour Paula Sevilla, chercheuse à l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED), il faudra donc bien plus que des mots. « Ce sommet arrive à un moment crucial pour tenter de restaurer la foi en la coopération internationale, surtout après la pandémie, qui a mis en lumière un profond manque de solidarité mondiale », souligne-t-elle.
La question de la dette
Point d’orgue du sommet, qui s’est conclu jeudi, l’Engagement de Séville a été adopté par la quasi-totalité des États membres de l’ONU – à l’exception notable des États-Unis – dans le but d’orienter les flux financiers vers les pays les plus vulnérables.
Sur le papier, donc, les engagements sont là. Mais pour Mme Sevilla, encore faut-il affronter les véritables obstacles : des finances publiques étranglées par la dette, des flux financiers captés ailleurs, et des mécanismes qui ne touchent jamais les communautés locales.
« Nous voyons des pays qui consacrent davantage de ressources au service de la dette qu’à la santé ou à l’éducation, tandis que les inégalités s’aggravent », alerte-t-elle, peu de temps après avoir participé, avec d’autres membres de la société civile, à une protestation silencieuse dans l’enceinte de la conférence.
Un oubli gênant
L’accord fait notamment l’impasse sur un problème pourtant central : la crise du logement.
« C’est regrettable qu’aucune mention n’y soit faite, alors même que nous traversons une crise mondiale du coût de la vie – non seulement dans le Sud, mais aussi ici en Espagne. Le logement est une source d’angoisse et de défiance parmi les citoyens, et il a été complètement ignoré », regrette la chercheuse.
Son institut, basé au Royaume-Uni, entend malgré tout utiliser l’élan de Séville pour aider à rediriger des financements vers des logements abordables. Mais l’absence de cette priorité dans le texte final en dit long.
Le Nord regarde ailleurs
Parmi les engagements phares figure l’initiative Espagne-Brésil pour une fiscalité plus équitable et plus transparente. Une avancée, selon Paula Sevilla. Mais elle pointe aussi les grands absents de la conférence, à commencer par les États-Unis.
« Nous avons besoin d’un engagement fort des pays du Nord, où sont installées bon nombre des entreprises qui pratiquent l’évasion fiscale. Sans leur volonté, rien n’avancera », affirme-t-elle.
Le retrait américain du sommet, quelques mois après le démantèlement de l’agence américaine consacrée à l’aide étrangère, USAID, a jeté un froid. « Nous parlons de gens qui comptent leurs comprimés pour savoir combien de jours il leur reste à vivre. C’est dramatique », insiste-t-elle.
Un compte à rebours bien entamé
À cinq ans de l’échéance des objectifs de développement durable, le temps manque. Et l’Engagement de Séville, aussi ambitieux soit-il, ne suffira pas.
« Il faut du courage politique, une volonté de coopérer, et un engagement à défendre les espaces démocratiques », conclut Mme Sevilla. « En fin de compte, ce sont les citoyens organisés qui maintiennent l’espoir vivant et obligent les dirigeants à rendre des comptes ».
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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