Le mois de juin 2025 a été le plus meurtrier pour les civils ukrainiens depuis plus de trois ans. Selon la Mission de surveillance des droits de l’homme de l’ONU en Ukraine, 232 personnes ont été tuées et 1.343 blessées en l’espace de trente jours. Des attaques de missiles et de drones ont visé au moins seize régions du pays, dont la capitale Kiev, sans distinction entre les zones de combats et les lignes arrière.
« La multiplication des frappes de missiles à longue portée et de drones à travers le pays a semé encore davantage de mort et de destruction parmi les civils éloignés de la ligne de front », a précisé Danielle Bell, qui dirige cette mission mandatée par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits humains.
Le bilan depuis janvier est implacable : en six mois, plus de 6.700 civils ont été tués ou blessés, soit une hausse de plus de 50 % par rapport au premier semestre 2024. Depuis le début de la guerre totale menée par la Russie en Ukraine, le 24 février 2022, l’ONU a recensé au total près de 13.600 civils tués, dont environ 700 enfants, et plus de 34.000 blessés.
Des ouvriers déblayent les décombres après des attaques russes dans la capitale ukrainienne, Kiev, en avril 2025.
Mobiliser un soutien pérenne
C’est dans ce contexte de violences persistantes qu’une centaine de délégations gouvernementales, d’organisations internationales, de représentants de la société civile et du secteur privé sont réunis à Rome, les 10 et 11 juillet, pour la quatrième Conférence sur le redressement de l’Ukraine (URC2025). Coorganisé par cette dernière et l’Italie, le sommet vise à mobiliser un soutien international pérenne autour d’une triple ambition : répondre aux besoins humanitaires immédiats, relancer des projets de redressement rapide, et jeter les bases d’un effort à long terme, axé sur les réformes, la modernisation, et l’investissement privé.
« La reconstruction ne doit pas seulement consister à rebâtir des villes ou des infrastructures : c’est redonner leur dignité, leur stabilité et des perspectives d’avenir aux Ukrainiens touchés par la guerre », a rappelé la première vice-première ministre de l’Ukraine, Yulia Svyrydenko.
Un pays à reconstruire pour ses déracinés
Parmi les priorités, figure la question des déplacés et des réfugiés. La guerre a provoqué l’une des plus vastes crises de déplacement de population en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Près de quatre millions de personnes sont encore déracinées à l’intérieur de l’Ukraine, et cinq millions de réfugiés vivent à l’étranger, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
« Un déplacement de cette ampleur pose de nombreux défis à l’Ukraine et à sa population », a souligné Amy Pope, Directrice générale de l’OIM. « La reconstruction doit commencer par les personnes les plus vulnérables : il faut leur donner accès aux services, restaurer leurs moyens de subsistance, pour que le retour ne soit pas seulement un retour physique, mais une véritable réintégration dans la société ».
Selon l’OIM, plus de quatre millions de personnes sont déjà revenues dans leur région d’origine, dont un quart depuis l’étranger, souvent sans accompagnement ni soutien structuré. L’agence onusienne plaide pour des approches « fondées sur les territoires » et une implication active de la diaspora.
La vulnérabilité des civils, et notamment des plus jeunes, s’est profondément aggravée. Selon de nouvelles données publiées jeudi par l’Unicef, 70 % des enfants en Ukraine – soit 3,5 millions – sont aujourd’hui privés d’accès à des biens et services de base, tels qu’une alimentation suffisante, un logement adapté ou des fournitures scolaires. Ce chiffre est quatre fois plus élevé qu’avant l’invasion à grande échelle de février 2022.
Le village de Shevchenkove, sur la ligne de front, dans la région de Kharkiv en Ukraine, reçoit une aide humanitaire en janvier 2025.
Anticiper les retours avec méthode
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), de son côté, a dévoilé à la veille de la conférence un modèle de prévision inédit, développé avec l’université Brunel de Londres, pour mieux anticiper les dynamiques de retour. Basé sur six vagues d’enquêtes menées depuis 2022, le prototype permet de distinguer plusieurs profils : les personnes âgées, les foyers sans enfants et les propriétaires d’un logement intact sont plus susceptibles de rentrer ; à l’inverse, les jeunes, les familles, et ceux qui ont trouvé un emploi dans leur pays d’accueil seraient moins enclins à revenir.
« Aucun modèle de prévision n’est une boule de cristal, mais des outils scientifiques comme celui-ci permettent de mieux comprendre les tendances possibles en matière de retour et s’avèrent précieux pour la planification », a expliqué Philippe Leclerc, directeur régional du HCR pour l’Europe. « Ensemble, nous pouvons créer les conditions d’une reconstruction nationale plus efficace et inclusive ».
Aucun progrès diplomatique
Sur le plan diplomatique, en dépit de deux rencontres directes entre délégations ukrainiennes et russes à Istanbul au cours des deux derniers mois — les premières depuis 2022 —, aucun progrès tangible n’a été accompli sur la voie d’un cessez-le-feu. Les positions demeurent irréconciliables : Kiev refuse toute concession territoriale, tandis que Moscou conditionne tout accord à une reconnaissance de ses annexions.
Alors que les missiles continuent de tomber sur les villes ukrainiennes, le sommet de Rome se veut un acte de foi dans l’avenir. Mais pour qu’un retour à la paix rime avec justice et reconstruction, encore faudra-t-il, comme le rappellent tous les acteurs présents, que les promesses de solidarité internationale se traduisent, sans attendre, en actions concrètes.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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