Sous les vivats et les applaudissements, le drapeau syrien à trois étoiles – emblème de la révolution – a flotté pour la première fois, ce matin, devant le bâtiment des Nations Unies à New York, aux côtés de ceux des 192 autres États membres de l’organisation. Une image forte, qui scelle l’entrée de la Syrie post-Assad dans l’arène diplomatique internationale.

Le ministre des affaires étrangères du gouvernement syrien de transition, Asaad al-Shaibani, a lui-même hissé la bannière nationale, devenant ainsi le premier haut responsable syrien à rendre visite à l’ONU depuis la chute du régime de Bachar al-Assad, le 8 décembre dernier. 

Cette séquence historique a précédé une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies consacrée à la transition syrienne, en présence de M. al-Shaibani.

« La Syrie reprend enfin son souffle et ouvre ses portes au monde », a déclaré à cette occasion le nouveau chef de la diplomatie syrienne. 

Une femme brandit le nouveau drapeau syrien devant le siège de l’ONU, à New York.

Demande de levée des sanctions

Pour tourner définitivement le dos à « l’ère des bains de sang systématiques et des disparitions forcées », M. al-Shaibani a appelé les membres du Conseil à lever les sanctions contre son pays, qui entravent l’afflux de capital en Syrie et empêchent les organisations internationales de lui venir en aide, au profit du terrorisme. 

M. al-Shaibani a également appelé le Conseil à exiger d’Israël qu’il respecte l’Accord de désengagement des forces conclu avec son pays en 1974. Ce dernier définit une zone frontalière démilitarisée, dite « de séparation », sur le plateau du Golan syrien, dont une partie est occupée par Israël depuis la guerre des Six Jours de 1967. 

Or, depuis le 8 décembre, Israël multiplie les incursions militaires dans cette zone, ainsi que les raids aériens à travers toute la Syrie, y compris la capitale, Damas. De leur côté, les autorités israéliennes affirment que ces opérations visent uniquement à détruire des cibles militaires présentant une menace pour le pays.

La transition à un tournant critique

Devant les membres du Conseil, l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, a quant à lui salué « les évolutions importantes que la Syrie a connues ces derniers mois ». À commencer par la déclaration constitutionnelle du 13 mars dernier, venue combler le vide juridique laissé par la fin de la dictature syrienne, afin d’encadrer l’exercice du pouvoir pour la période transitoire. 

La Syrie est également passée d’un gouvernement intérimaire à un nouveau cabinet « élargi et plus diversifié » – une amélioration par rapport à la situation précédente, selon M. Pedersen, pour qui la transition politique se trouve désormais à un « tournant véritablement critique ».

Besoin d’inclusion politique

L’émissaire onusien estime en effet que la nouvelle équipe dirigeante doit encore démontrer son engagement en faveur de l’inclusion politique, notamment celle des femmes. Sur 22 membres, le cabinet gouvernemental d’Ahmed al-Charaa, le président intérimaire du pays et chef des combattants islamistes victorieux d’al-Assad, compte seulement une femme. 

M. Pedersen est également préoccupé par les violences intercommunautaires du mois de mars sur la côte ouest syrienne, les tensions persistantes dans le nord-est et l’absence de perspectives économiques claires, qui menacent selon lui d’entraver la dynamique enclenchée.

Alors qu’un projet de formation d’une assemblée populaire intérimaire est en cours, le diplomate a appelé à faire en sorte que cette dernière soit véritablement  représentative sur le plan national. 

S’il a salué l’accord de désescalade conclu à Damas, le 10 mars, entre les autorités de transition et les Forces démocratiques syriennes (FDS), à dominante kurde, il a rappelé que le processus de désarmement et de réintégration des combattants à la vie civile ne pourrait réussir sans un « environnement politique favorable ».

Une crise humanitaire toujours grave

Joyce Msuya, la Sous-secrétaire générale de l’ONU aux affaires humanitaires, lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie.

Ces avancées politiques fragiles s’effectuent sur fond d’une situation économique et humanitaire désastreuse, a quant à elle rappelé Joyce Msuya, la Sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires, venue s’exprimer au nom de Tom Fletcher, le chef des secours d’urgence de l’ONU. 

« Près des trois quarts de la population sont dans le besoin, plus de la moitié est confrontée à l’insécurité alimentaire, et 7 millions de Syriens sont déplacés », a-t-elle rappelé d’emblée.

Mme Msuya a néanmoins reconnu que la baisse des hostilités a eu « des effets bénéfiques tangibles », notamment à Alep, dans le nord-ouest. Les entraves à la libre circulation ont été allégées, des milliers de personnes déplacées se préparent à rentrer à Afrin, au nord d’Alep, et un accord sur la gestion du barrage de Tichrine permet désormais à l’Unicef d’élargir l’accès à l’eau potable pour 3 millions de personnes.

Une réponse humanitaire au bord de l’asphyxie

Malgré des opérations d’envergure — 960 camions ont franchi la frontière turque depuis le début de l’année, soit plus que durant toute l’année 2024 — les capacités des agences onusiennes et des ONG sont gravement limitées par le manque de financements. À ce jour, moins de 10 % des besoins humanitaires pour le premier semestre 2025 ont été couverts.

L’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) prévoit de réduire de 30 % son personnel et de fermer près de la moitié de ses centres communautaires. De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) a besoin de 100 millions de dollars pour éviter une interruption de l’aide en août. Et des hôpitaux desservant 200.000 personnes à Deir ez-Zor risquent de fermer dès le mois prochain.

Des réfugiés syriens rentrent chez eux depuis la Turquie, en traversant la frontière de Bab Al-Hawa.

Sans relèvement, pas de retour durable

Pour Mme Msuya, l’équation est claire : sans investissement dans le relèvement et les services de base, le retour des réfugiés restera marginal et les Syriens continueront à fuir. « L’ampleur des besoins dépassera bientôt notre capacité d’y répondre », a-t-elle averti, appelant à ne pas laisser s’évanouir l’élan politique actuel, faute de soutien humanitaire.

Dans une conclusion aux accents graves, Geir Pedersen a résumé l’enjeu actuel. Selon lui, la transition est capable de réussir à condition qu’elle fasse preuve d’ouverture politique et prenne des mesures économiques fortes. 

« Sans ces deux éléments, elle ne réussira probablement pas, et les conséquences seraient graves », a-t-il mis en garde.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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