Le décor était planté avant même qu’il ne prenne la parole. Son entrée à l’Assemblée a provoqué un mélange d’applaudissements et de huées, tandis que des dizaines de délégations quittaient ostensiblement la salle en signe de protestation. Dans un hémicycle à moitié vide, le premier ministre a livré un discours sans concession, émaillé – comme à son habitude – de mises en scène symboliques : une carte du Moyen-Orient sur laquelle il a « rayé » un à un les ennemis d’Israël, et, au revers de sa veste, un pin’s circulaire orné d’un code QR renvoyant vers une page web consacrée aux otages encore retenus par le Hamas.
C’est par ces derniers qu’il a entamé son propos. « Le 7 octobre, le Hamas a mené la pire des attaques ayant visé des Juifs depuis l’Holocauste », a-t-il rappelé. Perpétrée dans le sud d’Israël, l’attaque a fait 1.200 morts et plus de 250 otages. Sur les 48 demeurant entre les mains du groupe, seule une vingtaine seraient encore vivants. À la tribune, M. Netanyahu a dénoncé leurs conditions de détention inhumaines – « affamés, torturés, privés de la lumière du jour » – avant d’énumérer leurs noms et de s’adresser directement à eux, par l’entremise de haut-parleurs installés dans Gaza pour relayer son message en direct.
Mohammad Hassan, un enfant de Gaza, sur son lit d’hôpital après son amputation de la jambe gauche, à la suite d’une frappe israélienne.
Le bilan humain à Gaza
Depuis le 7 octobre 2023, l’armée israélienne a tué plus de 64.000 Palestiniens à Gaza, en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées. Le 22 août, l’ONU a officiellement déclaré un état de famine dans le nord de l’enclave, conséquence du blocus humanitaire imposé depuis plusieurs mois par Israël. Les opérations militaires ont par ailleurs forcé des centaines de milliers de personnes à se déplacer à plusieurs reprises, tandis que l’immense majorité du territoire reste interdite d’accès à ses deux millions d’habitants. Dans la Gaza-ville, où une offensive terrestre de grande ampleur est en cours, les civils sont contraints de fuir pour éviter les bombardements.
Le 16 septembre, une commission d’enquête internationale indépendante mandatée par l’ONU a conclu qu’Israël, en réduisant drastiquement l’espace vital des Palestiniens et en privant délibérément la population de ressources essentielles, s’était rendu coupable d’actes constitutifs de génocide – une accusation reprise jeudi par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dans un message vidéo diffusé à l’Assemblée.
Réponse aux accusations de génocide
À la tribune, le premier ministre israélien a répondu à ses détracteurs, affirmant qu’Israël faisait tout son possible pour éviter des victimes civiles, en larguant des tracts et en envoyant des SMS pour prévenir les habitants avant chaque raid. « Est-ce qu’un pays qui commet un genocide dirait à la population civile avant d’attaquer : “quittez la zone” ? », a-t-il demandé. « Est-ce que les nazis avaient demandé aux juifs d’évacuer ? ».
Pour étayer son propos, il a avancé que le ratio de victimes civiles par rapport aux combattants était « remarquablement faible » à Gaza, inférieur, selon lui, à celui observé lors des opérations de l’OTAN en Afghanistan – « surtout si l’on songe au fait que Gaza est la zone la plus densément peuplée sur Terre ».
Une jeune fille souffrant de malnutrition grave à Gaza a besoin d’aide pour enfiler ses vêtements.
« Nous nourrissons Gaza »
M. Netanyahu a également rejeté les accusations selon lesquelles la famine serait orchestrée par son pays. « Israël nourrit délibérément la population », a-t-il assuré, évoquant « plus de 2 millions de tonnes d’aide » entrées à Gaza depuis le début de la guerre, soit « 3.000 calories par personne et par jour ». S’il y a pénurie, a-t-il insisté, c’est parce que « le Hamas vole la nourriture ».
Dans ces conditions, assimiler Israël aux régimes génocidaires du passé relèverait, selon lui, d’un « antisémitisme tenace, qui revient encore et encore avec ses mensonges ».
Ces affirmations tranchent avec les constats répétés des agences humanitaires de l’ONU sur le terrain, qui décrivent une aide fortement insuffisante, des livraisons entravées par des contrôles excessifs et un accès limité aux zones les plus touchées.
Rejet de la reconnaissance de la Palestine
La reconnaissance, ces derniers jours, de l’État de Palestine par plusieurs pays occidentaux, dont la France et le Royaume-Uni, a provoqué l’ire de M. Netanyahu. « Votre décision honteuse va encourager le terrorisme contre les Juifs », a-t-il lancé, jugeant que ces gestes diplomatiques valident les atrocités du 7-Octobre. Cette position a trouvé un écho chez son allié américain : plus tôt dans la semaine, le président Donald Trump avait dénoncé devant l’Assemblée une démarche qui « reviendrait à récompenser les terroristes du Hamas ».
Les propos des deux dirigeants se heurtent directement à ceux du Secrétaire général de l’ONU. Lors d’un sommet mondial consacré à la relance de la solution à deux États, António Guterres a estimé lundi qu’un État palestinien « est un droit et non une récompense ».
Pour M. Netanyahu, au contraire, les Palestiniens ne veulent pas vivre aux côtés d’Israël mais « à la place d’Israël », et toute tentative d’imposer un État palestinien équivaudrait à un « suicide national ».
Une vision pour la paix – sous condition
Tout en multipliant les formules martiales – « nous devons finir le travail » à Gaza, « Sinwar, Nasrallah, Assad : rayés de la carte » –, le premier ministre israélien a esquissé une perspective régionale.
Une victoire d’Israël sur le Hamas, a-t-il affirmé, permettrait d’élargir les accords d’Abraham, deux traités de paix signés en 2020 avec les Émirats arabes unis et Bahreïn, et d’ouvrir des négociations de paix avec la Syrie et le Liban.
Mais à ses yeux, cette paix passe par une condition incontournable : la démilitarisation totale de Gaza et le maintien du contrôle sécuritaire israélien. « Israël ne pliera pas », a-t-il conclu. Une question demeure : combien de temps encore les civils de Gaza pourront-ils plier sans rompre ?
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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