A l’ONU, cérémonie d’hommage au pape François, « un messager de l’espérance dans un monde de divisions »

S’exprimant à la tribune de l’Assemblée devant les Etats membres des Nations Unies, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a salué la mémoire d’un « homme de foi – et un bâtisseur de ponts entre toutes les religions », soulignant la portée universelle de son engagement pour la paix, la justice sociale et la dignité humaine.

Une voix de compassion

« Il s’était fait le champion des personnes les plus marginalisées sur Terre », a déclaré M. Guterres, ajoutant que le pape François avait été « une voix de solidarité dans un monde de clivages… Une voix de compassion dans un monde de cruauté… Une voix de paix dans un monde de guerre ».

Rappelant la visite historique du souverain pontife au siège des Nations Unies en 2015, le Secrétaire général a évoqué les paroles du pape devant les États membres, lorsqu’il avait défendu « une famille humaine unie, vivant en harmonie, travaillant non seulement pour la paix, mais dans la paix ; travaillant non seulement pour la justice, mais dans un esprit de justice ».

M. Guterres a retracé le parcours de Jorge Mario Bergoglio, depuis les quartiers pauvres de Buenos Aires jusqu’au Vatican, en soulignant son combat inlassable en faveur de la justice sociale. « Ces premières expériences ont renforcé sa conviction que la foi devait être un moteur d’action et de changement », a-t-il dit.

Le chef de l’ONU a aussi rappelé les positions fortes du pape contre l’indifférence face aux souffrances humaines, notamment à travers son encyclique Fratelli Tutti en 2020, et ses prises de position sur les inégalités croissantes du monde contemporain. Il a cité également son engagement pour les réfugiés, illustré par son tout premier déplacement en tant que pape en 2013 à Lampedusa, où il avait dénoncé « la culture du bien-être, qui nous amène à penser à nous-même, nous rend insensibles aux cris des autres ».

Appel quotidien à Gaza

Le Secrétaire général a évoqué des souvenirs personnels, notamment une rencontre au Vatican en 2019 : « J’ai été frappé par son humanité et son humilité. Il voyait toujours les problèmes à travers les yeux de celles et ceux qui sont relégués aux périphéries. »

António Guterres a également salué les efforts du pape pour la paix dans des contextes de conflit aigu, de l’Iraq à l’Ukraine, en passant par Gaza, où il appelait quotidiennement une paroisse pour prendre des nouvelles.

« Tous les jours sans exception, à 19 heures précises, il se retirait pour appeler l’église de la Sainte-Famille, à Gaza. L’un de ses interlocuteurs a raconté ces conversations : « François nous demandait : “comment allez-vous ? Qu’avez-vous mangé ? Avez-vous de l’eau ? Y-a-t-il des blessés parmi vous ?” Il ne le faisait pas pour des raisons diplomatiques ou par obligation. C’était le genre de questions qu’un père aurait posées », selon les mots du Secrétaire général.

Le pape François, a-t-il poursuivi, « aura incarné l’appel à la justice – pour les peuples et pour la planète », rappelant l’impact de son encyclique Laudato Si sur la mobilisation mondiale pour l’Accord de Paris sur le climat.

Dans un monde en proie à la discorde, le pape avait désigné 2025 comme année de l’espérance. « Il aura été jusqu’au bout un messager de l’espérance. Et c’est à nous qu’il revient maintenant de continuer de faire vivre cette espérance », a souligné M. Guterres.

En conclusion, le Secrétaire général a invité la communauté internationale à puiser dans l’exemple du pape François une source d’unité et d’inspiration. « Que ce deuil soit l’occasion de renouveler notre engagement en faveur de la paix, de la dignité humaine et de la justice sociale, causes pour lesquelles le pape François a consacré chaque instant d’une vie pour le moins extraordinaire ».