Par-delà les décombres, au milieu des ordres d’évacuation et des explosions, des familles entières avancent à découvert, la peur au ventre, vers ce qui pourrait être leur seul espoir : un sac de farine, une bouteille d’eau, quelques conserves. Et parfois, ce sera leur dernier pas. « Des civils continuent d’être tués alors qu’ils cherchent de la nourriture à Gaza », dénonce l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, sur le réseau social X. Alors que les opérations militaires israéliennes se poursuivent à Gaza, la faim tue au même titre que les bombes.
Pour Juliette Touma, directrice de la communication de l’UNRWA, il ne fait aucun doute : « Le nouveau mécanisme de distribution de l’aide israélo-américain est un champ de bataille ». Entre supervision militaire et chaos logistique, les sites gérés par la « Fondation humanitaire de Gaza », qui depuis la fin mai fournit de l’aide sans passer par le système onusien, se transforment ainsi en piège mortel.
Une aide militarisée
Depuis la fin du cessez-le-feu temporaire entre Israël et le Hamas, au mois de mars, les 400 points de distribution gérés par le bureau onusien des affaires humanitaires ont été remplacés par seulement quatre sites, tous contrôlés par l’armée israélienne. Deux millions de personnes sont ainsi contraintes de converger vers des zones militarisées, surpeuplées, et constamment visées par les tirs.
« La communauté humanitaire appelle à la fin de la prétendue “Fondation humanitaire de Gaza” (GHF), car elle ne fournit rien d’autre que la famine et des tirs de balles à la population », a dénoncé mardi Philippe Lazzarini, le chef de l’UNRWA, sur les réseaux sociaux. « Depuis le début de ce programme, au moins 500 personnes affamées ont été tuées et près de 4.000 blessées alors qu’elles luttaient désespérément pour se nourrir ».
Dans un appel commun publié dans la journée, plus de 160 ONG, dont Oxfam, Médecins du monde et Médecins Sans Frontières, ont exigé l’abandon immédiat de ce dispositif qu’elles qualifient de « meurtrier ». Elles demandent le retour aux mécanismes de coordination humanitaire existants sous l’égide de l’ONU, et la levée du blocus imposé par Israël sur l’aide humanitaire et les fournitures commerciales.
Les écoles visées
Les infrastructures civiles, elles, ne sont pas épargnées par la guerre. Une école de l’UNRWA transformée en abri a été frappée, lundi matin, par les forces israéliennes. « Des personnes déplacées s’y étaient réfugiées. La frappe a causé d’importants dégâts. Aucun blessé n’a été signalé », a indiqué l’agence onusienne. Plus de 82 % de la population est soumise à des ordres de déplacement. « Les habitants n’ont nulle part où aller », écrit encore l’UNRWA sur X. « Les installations humanitaires ne sont #PasUneCible. »
Des dizaines de civils ont été tués ou blessés au cours du week-end alors qu’ils attendaient de la nourriture ou s’étaient réfugiés dans des écoles. Des maisons, des abris, des établissements scolaires : rien n’échappe aux bombardements.
« En raison des lourdes contraintes qui pèsent sur l’acheminement des fournitures et la conduite des opérations humanitaires dans la bande de Gaza, les gens souffrent de la faim », alerte le bureau onusien des affaires humanitaires.
De l’eau est distribuée aux Gazaouis réfugiés dans une école de l’UNRWA.
Le risque de famine augmente
Le Programme alimentaire mondial (PAM) tire également la sonnette d’alarme : une personne sur cinq à Gaza est en situation de faim catastrophique. Plus de 90.000 femmes et enfants ont besoin d’un traitement d’urgence contre la malnutrition.
« La fenêtre pour repousser la famine à Gaza se referme rapidement », avertit Samer AbdelJaber, directeur régional du PAM. L’agence s’efforce de maintenir la distribution : nouveaux points d’accès, adaptation permanente, navigation à travers les ruines. Pourtant, sans corridors humanitaires sûrs, les efforts restent entravés. Les stocks ne manquent pas — 130.000 tonnes de nourriture sont prêtes à être livrées — mais l’accès est verrouillé.
Des convois bloqués
Le mur logistique est bien réel. Dimanche dernier, Israël a rejeté cinq des quinze demandes de mouvements humanitaires déposées par l’ONU. Certaines missions ont été annulées en raison d’obstacles sécuritaires. L’ONU appelle Israël à lever les restrictions et à autoriser l’entrée de carburant.
Sans carburant, plus rien ne fonctionne : hôpitaux, stations de pompage d’eau, télécommunications, cuisines communautaires. « Ce carburant est indispensable pour les opérations de sauvetage », souligne l’ONU.
Hôpitaux sous les bombes
L’étau se resserre jusque dans les hôpitaux. Lundi, une tente abritant des déplacés dans la cour de l’hôpital Al-Aqsa a été touchée, blessant cinq personnes. Le service de médecine interne a été endommagé, la ligne d’oxygène sectionnée.
Depuis octobre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé 734 attaques contre les soins de santé à Gaza. « Les attaques incessantes contre les soins de santé et la poursuite des hostilités à proximité des hôpitaux alimentent la peur au sein de communautés déjà traumatisées », déplore l’OMS.
Dans une enclave à bout de souffle, où survivre devient une loterie, l’ONU et la société civile internationale s’accordent : seul un retour à une coordination humanitaire fondée sur le droit international pourra enrayer le cauchemar en cours.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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