À la conférence de San Francisco, les plaies encore béantes des deux guerres mondiales ne laissaient aucun doute sur l’urgence d’un sursaut. Il fallait inventer un langage commun entre les peuples, poser les fondements d’une paix durable et s’accorder sur des règles pour prévenir le retour du chaos.

De cette nécessité naquit un texte. Plus qu’un traité, une vision. La Charte des Nations Unies devint un serment solennel : « préserver les générations futures du fléau de la guerre », «  proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme » et « favoriser le progrès social ». En un mot, croire encore à la possibilité du vivre-ensemble.

Quatre-vingts ans plus tard, jour pour jour, cette promesse a été saluée, mercredi, lors d’une cérémonie à l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York. Un moment de commémoration, mais aussi d’alerte, à l’heure où les principes de la Charte sont plus que jamais mis à l’épreuve.

Une Charte, une vision, une promesse

« Il y a 80 ans, sur les ruines laissées par la guerre, le monde a fait germer l’espoir », a rappelé António Guterres dans un discours d’ouverture. 

Pour le Secrétaire général, « la Charte des Nations Unies est une déclaration d’espoir et le fondement de la coopération internationale pour un monde meilleur ». Depuis sa création, l’ONU, a-t-il dit, s’efforce d’être « une force constructive dans un monde souvent marqué par la destruction ».

Un lieu où les plus petits ont voix au chapitre aux côtés des puissants. Un espace où même les adversaires les plus farouches peuvent se parler. « La Charte nous a donné les moyens de changer des destins, de sauver des vies et d’apporter de l’espoir dans les endroits les plus éprouvés du monde », a insisté M. Guterres, établissant un lien direct entre la naissance de l’Organisation et la prévention d’une troisième guerre mondiale.

Un ordre mondial fragilisé

Mais l’heure n’est pas seulement aux hommages. « Nous commémorons cette date à une période douloureuse de la vie de notre Organisation », a souligné Philemon Yang, président de l’Assemblée générale. Gaza, Ukraine, Soudan : les conflits s’enchaînent, le dialogue recule, les nationalismes resurgissent. « Des nations influentes ont choisi la force, au détriment du droit international et des principes de la Charte », a-t-il averti.

Ce constat est partagé par la présidente du Conseil de sécurité pour le mois de juin, l’ambassadrice du Guyana, Carolyn Rodrigues-Birkett. « La Charte n’était pas un simple document : elle témoignait de la résilience de l’humanité, incarnait un espoir inébranlable en un avenir meilleur, et exprimait un engagement résolu à le construire activement ».

Aujourd’hui, cet engagement vacille. António Guterres a dressé un tableau inquiétant des reculs à l’œuvre : « La menace ou l’usage de la force contre des nations souveraines. La prise pour cible de civils. L’instrumentalisation de la nourriture et de l’eau. L’érosion des droits humains ». Avant de fustiger « un schéma bien trop familier : suivre la Charte quand cela nous arrange, l’ignorer quand elle dérange ». Et de marteler : « La Charte n’est pas un menu à la carte. C’est le fondement des relations internationales ».

Réinvestir l’esprit de 1945

Tous ont rappelé que, malgré ses imperfections, l’organisation a permis d’ancrer des normes universelles, de soutenir la décolonisation, de faire avancer les droits humains et de coordonner l’aide humanitaire. « Ces normes affirment sans détour que la dignité humaine ne connaît pas de frontières », a insisté Philemon Yang.

Mais les défis s’intensifient. Le multilatéralisme vacille. Les inégalités se creusent. L’urgence climatique s’aggrave. La technologie progresse plus vite que la régulation. Face à cela, les appels à la refondation de l’ONU se multiplient.

« En septembre dernier, les États Membres ont adopté le Pacte pour l’avenir, réaffirmant l’engagement du monde en faveur du droit international », a rappelé António Guterres. Pour le Secrétaire général, il faut « bâtir un multilatéralisme plus fort, renouvelé, inclusif et en réseau — en somme, un multilatéralisme adapté au XXIe siècle ».

Un appel, une mémoire, un avenir

À la fin de la séance, les mots fondateurs sont revenus comme un refrain. « Ranimons aujourd’hui l’esprit de San Francisco », a lancé le président de l’Assemblée. « Choisissons le dialogue plutôt que la division, la coopération plutôt que le conflit ».

L’écho de la promesse originelle n’a pas faibli. « Pour la paix. Pour la justice. Pour le progrès. Pour “nous les peuples” », a conclu António Guterres.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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