« Les choses s’améliorent », a déclaré à ONU Info Mohammad Al Nsour, chef de la section Moyen-Orient et Afrique du Nord au Haut commissariat aux droits de l’homme (HCDH), à l’approche de cette étape symbolique qui coïncide avec le premier anniversaire de l’effondrement du régime de Bashar al-Assad, le 8 décembre 2024.

« Chaque fois que nous allons à Damas, nous pouvons constater le changement ».

Après cinq décennies de dictature, le pays est aujourd’hui dirigé par un gouvernement de transition présidé par Ahmed al-Sharaa, figure issue de l’opposition armée du nord-ouest, porté au pouvoir après la chute du régime. Il s’est engagé à organiser des élections d’ici cinq ans.

Le HCDH – longtemps empêché d’opérer à l’intérieur de la Syrie – dispose désormais d’une équipe déployée en permanence à Damas. Pour M. Al Nsour, il s’agit d’un tournant majeur après des années de suivi des droits humains à distance depuis Beyrouth.

« L’ancien gouvernement refusait l’accès au HCDH », a-t-il rappelé depuis Genève. « Nous avons essayé de nombreuses fois, le fait d’être présent sur le terrain aujourd’hui est un avantage considérable ».
 

© Wikimedia Commons/Bernard Gagnon

Mosquée des Omeyyades à Damas, Syrie.

Des signes de progrès

La Syrie continue de faire face à des priorités pressantes : reconstruire un pays ravagé par la guerre, répondre aux nombreux griefs persistants et garantir la justice pour les violations passées et présentes.

Le haut responsable a noté que l’insécurité reste une source d’inquiétude majeure. Dans le nord-est du pays, les tensions demeurent dans les zones administrées par les Kurdes, où des cellules dormantes de Daech continuent de mener des attaques sporadiques. Plus au sud, la province de Souweïda est secouée depuis des mois par des heurts entre communautés druze et bédouine.

À cela s’ajoutent les massacres survenus au printemps dans plusieurs localités de la côte ouest syrienne, où des attaques coordonnées ont visé des villages alaouites et fait des dizaines de morts parmi les civils, certains impliquant des membres des forces de sécurité gouvernementales.

La trajectoire générale est « très constructive et positive », insiste-t-il néanmoins.

« Il existe une volonté politique du gouvernement d’améliorer la situation », affirme M. Al Nsour, soulignant l’engagement quotidien entre le HCDH et les autorités.

Le gouvernement reçoit actuellement une assistance technique des Nations Unies visant à réformer la législation, renforcer les droits humains dans les institutions chargées de l’application de la loi et améliorer l’administration publique.

Ces efforts, selon lui, témoignent d’un engagement pour un avenir fondé sur les droits humains.

Pour le défenseur des droits humains, l’un des principaux atouts d’une présence dans le pays est de pouvoir jouer un rôle de « conseiller auprès des autorités ».

« Nous surveillons, nous rendons compte et nous menons un plaidoyer pour alerter les autorités en cas de violations afin de les prévenir. Notre objectif n’est pas de pointer du doigt ou de blâmer un gouvernement, mais d’empêcher les violations ».

Un changement symbolique

Ce qui donne de l’espoir, c’est cette nouvelle génération qui souhaite s’engager positivement dans la construction de la nouvelle Syrie.

Les préparatifs sont en cours pour la toute première célébration de la Journée des droits de l’homme en Syrie, le 10 décembre, seulement deux jours après le premier anniversaire de la chute du régime Assad.

L’événement est coorganisé par le HCDH et le ministère syrien des Affaires étrangères, sous le thème « Pour une reconstruction fondée sur les droits humains ».

Cette célébration marquera « un nouveau chapitre » dans notre relation avec le gouvernement syrien, précise M. Al Nsour signalant que les discussions porteront sur « la manière de faire progresser l’agenda des droits humains dans la nouvelle Syrie ».

Responsabilité et justice

Pour de nombreux Syriens, la question de la responsabilité reste centrale.

Après les violences dans la région côtière en mars dernier, les autorités ont créé un Comité national d’enquête — ayant bénéficié de conseils techniques importants du HCDH — et aujourd’hui, certains auteurs sont jugés devant un tribunal national.

M. Al Nsour a également noté que le gouvernement a accepté le renouvellement du mandat de la Commission d’enquête de l’ONU, permettant la poursuite d’enquêtes internationales indépendantes, non seulement sur les violations commises sous le régime Assad, mais aussi depuis sa chute.

En vue de l’avenir, la justice transitionnelle sera la priorité pour 2026.

« Il faut non seulement assurer la responsabilité », a-t-il dit, « mais aussi la recherche de la vérité, des réparations et la réconciliation nationale. »

La voix des femmes

Le Haut commissariat soutient également des organisations de la société civile dirigées par des femmes et promeut une représentation accrue des femmes dans les institutions politiques, en particulier dans le sillage des élections législatives — une demande à laquelle les autorités se montrent de plus en plus réceptives, selon M. Al Nsour.

Parallèlement, l’organisation renforce leurs capacités en leur offrant des formations sur le plaidoyer et en les connectant aux mécanismes internationaux des droits humains.

© UNOCHA/Ali Haj Suleiman

Missions transfrontalières de l’OCHA à Ma’arrat An Nu’man.

La nouvelle génération, principal atout des Syriens

La plus grande source d’espoir pour la Syrie, ce sont les Syriens eux-mêmes, explique le responsable du HCDH.

« Ce qui est extraordinaire en Syrie, c’est la résilience du peuple syrien. Ce qui donne de l’espoir, c’est cette nouvelle génération, instruite et dynamique, qui souhaite s’engager positivement dans la construction de la nouvelle Syrie ».

Dans tout le pays, les jeunes ont lancé des initiatives locales – nettoyage de parcs publics, soutien aux services locaux – de petits gestes qui contribuent à reconstruire un sentiment de communauté après le conflit.

« Ils ont vu ce qui s’est passé dans d’autres pays – lors de situations post-conflit dans la région et ailleurs – et ils font tout leur possible pour aller dans la bonne direction ».

Lueurs d’espoir malgré le long chemin à parcourir

Les pressions financières augmentent, mais les donateurs ont donné des « signaux très positifs » concernant une hausse du financement pour la Syrie, d’après M. Al Nsour.

« Il existe un grand intérêt de la part des principaux donateurs pour promouvoir les droits humains dans la nouvelle Syrie », tant au sein qu’en dehors de la région, a-t-il expliqué.

Malgré les nombreux obstacles, il note la détermination des Syriens à reconstruire leur pays sur des bases respectueuses des droits humains.

Au moment où les Syriens s’apprêtent à célébrer la Journée des droits de l’homme cette année, le message essentiel semble clair : des progrès – aussi fragiles soient-ils – deviennent enfin visibles, et l’espoir grandit avec eux.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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