Elle devait pourtant fermer ses portes. En février 2024, le Conseil avait entamé le retrait progressif de la mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) des trois provinces de l’Est où elle était déployée depuis 1999, à commencer par le Sud-Kivu. Mais le contexte géopolitique a depuis fortement changé.
Au mois de janvier, le Mouvement du 23 mars (M23), un groupe rebelle se réclamant de la défense des Tutsis congolais, a lancé une offensive éclair dans la région. En quelques semaines, les rebelles, soutenus, selon l’ONU, par le Rwanda voisin – ce que Kigali dément –, se sont emparés des deux principales villes du Sud-Kivu et du Nord-Kivu, où ils ont établi des administrations parallèles.
Malgré son retrait du Sud-Kivu, la MONUSCO dispose toujours à l’heure actuelle de près de 10 000 Casques bleus et plus de 1 000 officiers de police, déployés au Nord-Kivu et en Ituri, une province voisine où de nombreux groupes armés autres que le M23 sévissent. Là où l’État congolais peine à reprendre pied, la mission onusienne continue de faire écran, tentant de contenir une violence qui déborde les cadres diplomatiques.
L’accord de paix signé le 4 décembre à Washington entre la RDC et le Rwanda, sous l’égide du président américain Donald Trump, avait fait entrevoir l’espoir d’un apaisement.
Mais moins d’une semaine plus tard, les rebelles ont pris le contrôle de plusieurs localités dans le Sud-Kivu, dont la ville d’Uvira, tombée le 9 décembre. Cette ville stratégique, située sur les rives du lac Tanganyika, à proximité du Burundi, était devenue chef-lieu provincial après la prise de Bukavu par les rebelles, en février.
Dans sa résolution, le Conseil de sécurité « condamne fermement l’offensive menée par le M23 au Sud-Kivu, avec le soutien de la Force de défense rwandaise » et exige leur retrait immédiat du territoire congolais. Une condamnation nette, mais sans mécanisme coercitif nouveau.
Les Casques bleus de l’ONU patrouillent dans l’est de la République démocratique du Congo.
Un retrait ajourné
La prorogation du mandat acte de fait une pause dans le désengagement annoncé. Le Conseil rappelle que le retrait progressif de la MONUSCO reste conditionné à « un renforcement amélioré et simultané des capacités et de l’autorité de l’État », condition loin d’être remplie dans l’est du pays. La reprise des combats, l’effondrement de l’accès humanitaire et la multiplication des déplacements forcés ont rendu politiquement et sécuritairement impossible toute réduction significative de la présence onusienne.
La résolution souligne d’ailleurs que la zone d’opérations de la mission demeure limitée au Nord-Kivu et à l’Ituri, tout en autorisant des activités de surveillance liées au cessez-le-feu au Sud-Kivu. Une géographie du mandat qui épouse celle de la crise, au fil de fronts mouvants et de lignes de fracture communautaires.
Sur le terrain, la MONUSCO est sommée de tenir une ligne étroite : protéger les civils sans se substituer à un État souverain, soutenir les forces congolaises tout en conditionnant son appui au respect du droit international humanitaire. Le texte rappelle que toute assistance aux opérations conjointes devra être strictement conforme à la « politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme » des Nations Unies, faute de quoi elle sera suspendue.
Le commandant de la force de la MONUSCO rend visite aux Casques bleus dans la province de l’Ituri.
La guerre des technologies et des ressources
Au-delà des combats, la résolution met en lumière une conflictualité plus diffuse. Le Conseil se dit « vivement préoccupé » par l’usage de drones kamikazes, de missiles sol-air et par des activités de brouillage et d’usurpation du signal GPS dans les zones contrôlées par le M23. Des pratiques qui entravent les opérations de la MONUSCO, menacent l’aviation civile et compliquent l’acheminement de l’aide humanitaire.
Autre front, plus ancien : celui des ressources naturelles. Le Conseil condamne la poursuite de l’exploitation et du commerce illégaux des minerais dits de conflit, qui alimentent les groupes armés et prolongent la guerre. Là encore, les appels à la traçabilité et à la diligence raisonnable se heurtent à une économie de guerre profondément enracinée.
Une mission contestée, mais incontournable
Sur le plan politique, la résolution soutient les efforts de médiation – de Luanda à Nairobi, de Washington à Doha – tout en réaffirmant le rôle central de l’Union africaine. Elle autorise la MONUSCO à appuyer la mise en œuvre d’un cessez-le-feu permanent, à condition que celui-ci cesse d’être un horizon diplomatique sans traduction militaire.
Dans un pays où la présence onusienne est régulièrement contestée par une partie de l’opinion, le Conseil insiste enfin sur l’importance d’une « communication stratégique dynamique », appelant la mission à mieux expliquer son mandat et à contrer les campagnes de désinformation qui minent sa légitimité.
Plus de 25 ans après l’arrivée des premières opérations de paix en République démocratique du Congo, la MONUSCO demeure l’une des missions les plus robustes et les plus exposées de l’ONU. Sa prolongation n’est ni un blanc-seing ni un tournant stratégique. Elle est le symptôme d’un conflit qui résiste aux calendriers, et d’une paix que la communauté internationale, faute d’alternative crédible, continue de tenter de contenir plutôt que de résoudre.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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