« Alors que les efforts pour dépolluer les zones minées se heurtent à une diminution du financement international pour ces activités humanitaires essentielles, les civils en paient le prix », alerte la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel (ICBL), un réseau global qui coordonne l’Observatoire des mines, à l’origine du rapport publié lundi.

Cette mise en garde rejoint celle du Secrétaire général de l’ONU, dans un message vidéo diffusé le même jour à l’ouverture de la 22ᵉ réunion des États parties à la Convention d’Ottawa de 1997 sur l’interdiction des mines antipersonnel, à Genève. Selon António Guterres, tout affaiblissement du traité pourrait « déclencher un cercle vicieux dangereux ». Il a appelé les États à « renforcer leur engagement en faveur d’un monde sans mines antipersonnel ».

Un bilan humain au plus haut depuis 2020

En 2024, 6 279 personnes ont été tuées ou blessées par des mines ou des restes explosifs de guerre, soit le total annuel le plus élevé depuis quatre ans. Neuf victimes sur 10 étaient des civils, pour près de la moitié des enfants. Le Myanmar reste le pays le plus touché pour la deuxième année consécutive, conséquence directe de l’usage massif de mines par la junte, au pouvoir depuis 2021, dans le conflit qui l’oppose à plusieurs groupes armés.

En Syrie, où la chute du régime Assad a précipité le retour de nombreuses familles dans des zones encore contaminées, les accidents se multiplient. Le pays occupe désormais la deuxième place mondiale au classement du nombre de victimes, suivi par l’Afghanistan et l’Ukraine.

Dans son message, M. Guterres a rappelé la nature intrinsèquement injuste de ces engins explosifs : « Les mines antipersonnel comptent parmi les armes les plus cruelles et les plus indiscriminées jamais créées. Elles tuent et mutilent longtemps après la fin des conflits. Et quatre victimes sur cinq sont des civils, souvent des enfants ».

Les survivants, souligne-t-il, doivent ensuite faire face à « des parcours de rétablissement longs et complexes », dans un contexte où les terres contaminées bloquent l’accès humanitaire, entravent la reconstruction et retardent le développement.

PNUD Ukraine/Oleksandr Simonenko

Un démineur ukrainien balaie le sol à la recherche de munitions non explosées et de mines terrestres.

L’ombre portée des États non parties

La Russie et le Myanmar, deux États non signataires de la convention de 1997, continuent de recourir massivement aux mines antipersonnel et conservent une capacité de production, aux côtés de l’Inde et de la Corée du Sud. Le rapport fait aussi état d’indices laissant supposer que l’Ukraine – pourtant partie au traité – a utilisé des mines, et mentionne de nouvelles allégations visant les forces armées cambodgiennes.

En 2024, les États-Unis, également absents de la convention, ont transféré des mines antipersonnel à Kiev, rompant pour la première fois en 32 ans leur moratoire sur les exportations de mines.

Le retrait de cinq États européens

L’autre choc vient de l’Europe du Nord. L’Estonie, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne, tous les cinq membres de l’OTAN, ont annoncé en mars leur retrait du traité, invoquant un contexte sécuritaire dégradé lié à l’invasion russe de l’Ukraine. Pour l’ICBL, il s’agit de « défis sans précédent à l’encontre de l’interdiction internationale des mines antipersonnelles, en vigueur depuis plus de 25 ans ».

L’Ukraine, de son côté, a voulu « suspendre l’application » du traité sans pour autant en sortir, une possibilité que la Convention d’Ottawa ne prévoit pas.

« Si ces États utilisent des mines, il faudra des décennies et des ressources considérables pour déminer les terres contaminées », prévient Mark Hiznay, rédacteur du chapitre du rapport consacré aux politiques d’interdiction.

Dans la province de Kandahar, en Afghanistan, les démineurs peuvent trouver des munitions vieilles de plusieurs décennies.

Une crise de financement

L’aide destinée aux victimes a chuté de près d’un quart en 2024, ne représentant plus que 5 % du financement de la lutte antimines. 

Et le début de 2025 a encore resserré l’étau : principal bailleur mondial, les États-Unis ont gelé leur aide étrangère au premier trimestre, entraînant l’arrêt de plusieurs programmes humanitaires et jetant une ombre d’incertitude sur de nombreuses opérations, selon l’ICBL.

Un traité menacé, malgré de nouvelles adhésions

Depuis son entrée en vigueur en 1999, la Convention d’Ottawa a pourtant produit des résultats tangibles : destruction de millions de mines stockées, vastes zones dépolluées, plusieurs États déclarés libres de mines. Les Nations Unies rappellent que 166 pays – plus des trois quarts des États membres – sont désormais parties au traité, tandis que les récentes adhésions des Îles Marshall et des Tonga montrent qu’il conserve un pouvoir d’attraction.

La 22ᵉ réunion des États parties, qui se tient du 1ᵉʳ au 5 décembre au Palais des Nations, à Genève, est perçue par l’ONU comme un moment crucial pour réaffirmer la raison d’être du traité et renforcer la stigmatisation internationale des mines antipersonnel. C’est dans cette perspective que le Secrétaire général a lancé, au mois de juin, une campagne mondiale visant à renforcer le soutien au désarmement et à la lutte antimines.

« Nous devons réaffirmer notre engagement à protéger des vies, à respecter le droit international et à redonner espoir aux communautés menacées par les mines », a conclu António Guterres dans son message. 

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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