Interdiction d’école pour les adolescentes, disparition progressive des femmes des lieux de travail, rétrécissement de l’espace civique. En quatre au pouvoir, les talibans ont méthodiquement procédé à une mise sous cloche des citoyennes afghanes.

Depuis New York, où se tenait mardi une réunion du Conseil de sécurité sur la situation du pays, la cheffe de la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA), Georgette Gagnon, a décrit une réalité systémique : « Les femmes et les filles continuent d’être systématiquement exclues de presque tous les aspects de la vie publique ». 

Une société à bout de souffle

Alors que les droits reculent, la liberté de la presse s’effondre et l’ingérence des autorités dans la vie quotidienne devient la norme, l’économie du pays, elle, est en chute libre. La crise que traverse l’Afghanistan, où les sécheresses succèdent aux séismes, se traduit par une dégradation des conditions de vie.

Devant le Conseil, Tom Fletcher, le chef de l’humanitaire de l’ONU, a indiqué que près de 22 millions d’Afghans, soit la moitié de la population du pays, auront besoin d’aide en 2026. « Pour la première fois en quatre ans, le nombre de personnes confrontées à la faim a augmenté », a-t-il constaté. « Et les services essentiels, déjà insuffisants et inégalement répartis dans le pays, sont poussés à bout par le retour, en nombre record, des réfugiés ».

Des retours massifs

À cette crise intérieure s’ajoute en effet un phénomène aggravant : les retours forcés depuis les pays voisins. En 2025, plus de 2,6 millions d’Afghans ont été renvoyés d’Iran et du Pakistan, portant à plus de quatre millions le total des retours en deux ans. Une vague humaine que l’Afghanistan n’a matériellement pas les moyens d’absorber.

Les revenants arrivent souvent sans ressources, dans des communautés déjà exsangues. Les femmes et les enfants représentent 60 % des retours, plongeant les plus vulnérables dans un environnement où leurs droits sont déjà réduits à presque rien.

La cheffe de la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA), Georgette Gagnon (à gauche), et le fondatrice du réseau d’organisations féminines Window for Hope, Negina Yari (au micro), lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’Afghanistan.

La voix des femmes, étouffée mais tenace

Temps fort de la réunion du Conseil, Negina Yari, fondatrice du réseau d’organisations féminines Window for Hope, présent dans la majorité des provinces afghanes, a rapporté les témoignages de 256 femmes interrogées pour l’occasion. « Ce que je partage aujourd’hui n’est pas seulement mon avis, mais leurs voix. Leur douleur. Leur vérité », a-t-elle dit.

Selon elle, la stratégie talibane vise méthodiquement les travailleuses humanitaires, dont la présence est pourtant indispensable pour atteindre les femmes dans le beson. Dans certaines provinces, les restrictions sont telles que « l’aide est livrée par des hommes, à des hommes, pour des hommes », rapporte-t-elle. Cette exclusion entraîne une cascade d’effets : absence de soins, impossibilité de signaler des abus, privation d’aide vitale.

Même l’aide internationale suffoque

La pression ne s’exerce pas seulement sur les Afghanes, mais sur l’ensemble de la réponse humanitaire. Les financements internationaux se contractent dangereusement. Selon Tom Fletcher, l’hiver 2025 restera comme le premier depuis des années sans distribution alimentaire d’envergure : seuls un million de bénéficiaires ont été aidés, contre 5,6 millions l’an dernier.

Les conséquences sont dramatiques : 1,1 million d’enfants privés de services nutritionnels vitaux, 422 centres de santé fermés, trois millions de personnes sans accès aux soins. Quant aux restrictions visant les employées humanitaires, elles paralysent encore davantage les opérations. « Nous avons besoin d’elles. L’Afghanistan a besoin d’elles », a martelé le chef de l’humanitaire, appelant les autorités de facto à permettre aux femmes de travailler en toute sécurité dans tous les secteurs de la réponse humanitaire.

Fracture politique et hésitation de la communauté internationale 

À l’intérieur même du régime taliban, Georgette Gagnon identifie deux visions antagonistes : « D’un côté, une faction qui voudrait isoler l’Afghanistan du monde. De l’autre, une faction qui comprend que le pays ne peut survivre sans ces liens ».

Mais pour l’heure, ces tensions internes se traduisent davantage par le règne de l’arbitraire — comme la coupure soudaine de tout accès aux télécommunications mobiles et en ligne cet automne — que par des perspectives de changement. De son côté, la communauté internationale peine à maintenir une ligne unie, réduisant encore son influence sur les autorités afghanes.

Pas d’avenir pour le pays sans ses femmes

La formule la plus forte est sans doute venue de Negina Yari, dont l’appel a résonné comme un avertissement autant qu’un constat : « Nous ne demandons pas la charité. Nous réclamons nos droits », a-t-elle scandé devant les membres du Conseil. « L’Afghanistan n’a aucun avenir jusqu’à ce que ses femmes soient libres ».

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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