Les questions, posées sans détour, résonnent comme un reproche adressé aux capitales : « Les dirigeants écoutent-ils seulement ? Sont-ils prêts à agir ? ». La réponse, suggère le Secrétaire général, se lit dans les chiffres. Alors que les conflits atteignent un niveau inédit depuis la Seconde Guerre mondiale, les dépenses militaires mondiales ont bondi de près de 10 % en à peine un an. « À l’heure où nous tournons la page d’une année mouvementée, un fait s’impose avec une force particulière : les dépenses militaires mondiales ont grimpé à 2 700 milliards de dollars », souligne-t-il.
Une année sanglante pour les civils
La comparaison est implacable : ce montant représente 13 fois l’ensemble de l’aide publique au développement mondiale, et l’équivalent du produit intérieur brut de tout le continent africain. Dans le même temps, la souffrance humaine s’étend. Plus d’un quart de l’humanité vit aujourd’hui dans des zones affectées par les conflits. Plus de 200 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, et près de 120 millions ont été déplacées de force, fuyant la guerre, les crises, les catastrophes ou les persécutions.
Une mère déplacée à Gaza prépare de la nourriture dans une tente inondée, symbole des terribles conditions de vie des familles touchées par la guerre.
L’année qui s’achève a été particulièrement meurtrière pour les civils. Dès ses premiers mois, 2025 a été marquée par des coupes drastiques dans l’aide internationale, principalement décidées par les États-Unis, mais aussi par plusieurs pays européens. Sur le terrain, ces décisions se sont traduites par une contraction brutale de l’aide acheminée, des programmes suspendus, des rations réduites et des populations laissées sans protection dans des contextes déjà fragiles.
L’année a également été dominée par des conflits d’une violence exceptionnelle pour les civils, à Gaza, au Soudan, en Ukraine et dans l’est de la République démocratique du Congo. Si la guerre dans l’enclave palestinienne connaît un allègement à la faveur du cessez-le-feu en vigueur, les combats se poursuivent avec intensité sur les trois autres fronts, alimentant des crises humanitaires prolongées et massives.
À ces chocs sécuritaires s’est ajoutée une montée des mesures douanières et protectionnistes, qui a perturbé l’économie mondiale, accru l’incertitude et contribué à envenimer le climat international, jusqu’au cœur du Conseil de sécurité, où les tensions entre membres permanents n’ont cessé de s’exacerber.
La dérive des priorités
L’alerte du chef de l’ONU ne s’arrête pas là. Si les tendances actuelles se poursuivent, les dépenses militaires mondiales pourraient plus que doubler d’ici à 2035, pour atteindre 6 600 milliards de dollars. Une trajectoire que le Secrétaire général juge non seulement dangereuse, mais irrationnelle. « En ce Nouvel An, prenons la résolution de revoir nos priorités. Un monde plus sûr commence par davantage d’investissements dans la lutte contre la pauvreté et moins dans les guerres. La paix doit l’emporter », insiste-t-il.
Pour étayer son propos, António Guterres renvoie au rapport qu’il a présenté en septembre 2025, à la demande des États membres dans le cadre du Pacte pour l’avenir adopté un an plus tôt. Le document met en lumière le déséquilibre des choix budgétaires mondiaux. Moins de 4 % des dépenses militaires actuelles suffiraient à éradiquer la faim dans le monde d’ici à 2030. Un peu plus de 10 % permettraient de vacciner chaque enfant et 15 % couvriraient les coûts annuels de l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement. Même l’argument économique vacille : un milliard de dollars investi dans l’éducation, la santé ou les énergies propres crée nettement plus d’emplois que la même somme consacrée à l’armement, tout en générant bien moins d’émissions de gaz à effet de serre.
Une aide est fournie à des personnes fuyant les violences au Darfour, dans l’ouest du Soudan, où la guerre civile fait rage.
Une fin de mandat, un avertissement
Le message est non seulement politique, mais aussi personnel. L’année 2026 sera la dernière du mandat d’António Guterres à la tête des Nations Unies, alors que, dans les couloirs de l’organisation comme dans les capitales, la course à sa succession a déjà commencé. Le Secrétaire général sortant n’ignore ni l’usure du multilatéralisme ni les rapports de force qui traversent l’institution. Son appel, étayé par des chiffres implacables, sonne comme un testament politique : celui d’un dirigeant qui, à l’heure de quitter la scène, refuse de baisser le ton.
« Il est clair que le monde dispose des ressources nécessaires pour améliorer les conditions de vie, guérir la planète et garantir un avenir de paix et de justice », affirme-t-il. « En 2026, j’en appelle aux dirigeants du monde entier : soyez à la hauteur. Choisissez l’humain et la planète plutôt que la souffrance ». Une injonction simple, presque austère, face à un monde qui, chiffres à l’appui, semble avoir pris l’habitude de faire exactement l’inverse.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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