Si les conflits armés demeurent un facteur majeur, cette tragédie est désormais un fléau national, frappant toutes les provinces, dans un contexte où l’impunité règne et où la pauvreté n’a cessé de s’aggraver, a souligné le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Outre les conflits armés, la pauvreté et l’impunité alimentent ce fléau, qui touche surtout les filles dans les provinces de l’Est. Dans cette région, le conflit continue de jouer un rôle majeur, mais le rapport de l’agence onusienne démontre qu’aucune province n’est épargnée et que le nombre de cas a nettement augmenté depuis 2022.

Ces 35.000 cas de viols sont juste les données compilées à l’échelle nationale au cours des neuf premiers mois de l’année 2025, « signe que la crise continue de s’intensifier ». L’année précédente, près de 45.000 cas avaient été recensés, soit trois fois plus qu’en 2022.

« Les travailleurs sociaux racontent qu’il faut parfois plusieurs heures aux mères pour accompagner à pied leurs filles jusqu’à un centre de santé alors que ces dernières ont subi une agression et ne sont plus en mesure de marcher. Aux dires des familles, la peur de la stigmatisation et des représailles les empêche souvent de signaler les actes de violence », a déclaré dans un communiqué, Catherine Russell, Directrice exécutive de l’Unicef.

Un fléau sous-estimé et endémique

Une jeune fille de 17 ans a été séparée de sa famille lorsqu’un groupe armé a attaqué son village en RDC et l’a emmenée dans une forêt (archives)

Les provinces orientales du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri concentrent la majorité des cas. Ces régions sont ravagées par trois décennies de violences, marquées par la présence de groupes armés et de milices. Les principaux auteurs restent des « groupes armés non étatiques », opérant dans un contexte d’impunité, selon l’étude.

« Les témoignages sont les mêmes d’une province à l’autre, signe qu’il s’agit d’une crise profonde alimentée par l’insécurité, les inégalités et le manque de robustesse des systèmes de soutien », a souligné Mme Russell.

Néanmoins, la capitale Kinshasa (ouest) et la région centrale du Kasaï enregistrent également un nombre élevé de cas, liés à la pauvreté qui accentue la vulnérabilité des enfants.

Les filles sont particulièrement touchées par ce problème et représentaient 47 % des survivants de ces violences en 2024, contre 27 % en 2022. Les garçons font également l’objet de violences sexuelles, mais dans une proportion nettement inférieure parmi les cas signalés.

Les adolescentes (12-17 ans) constituent la cible principale, mais les garçons, les enfants handicapés et déplacés sont aussi victimes. « Les enfants sont parfois agressés en allant à l’école ou chercher de l’eau », indique le rapport, mais les viols sont également commis au sein des foyers par des proches ou des connaissances.

Une jeune fille de 17 ans, victime de viol, avec son enfant dans l’est de la République démocratique du Congo.

Des conséquences lourdes et multiples

Parallèlement aux constatations de ce rapport, des données distinctes confirmées par les Nations Unies mettent en lumière certaines tendances dans les régions en proie au conflit. Ainsi, les cas signalés d’actes de violence sexuelle prenant pour cible des enfants, déjà nombreux en 2022 et en 2023, ont encore augmenté de près de 30 % en 2024.

D’après les données préliminaires datant du début de l’année 2025, la situation reste extrêmement grave : le nombre de cas signalés au cours des six premiers mois pourrait représenter plus de 80 % du total observé l’année précédente.

Blessure grave, grossesse non désirée et risque accru de contracter le VIH ou d’autres infections sexuellement transmissibles sont autant de préjudices auxquels font face les rescapé(e)s, sans parler des profondes séquelles émotionnelles telles que la peur, l’anxiété, la dépression et le rejet social, y compris l’exclusion familiale et communautaire.

L’UNICEF met en garde contre un nombre historique de viols d’enfants dans l’est de la République démocratique du Congo.

Programmes de soutien aux rescapés menacés

La publication de ce rapport intervient alors que « l’accès aux soins demeure limité » en raison de la distance, du coût et de la fermeture d’espaces sûrs faute de financement.

En 2025, les programmes de lutte contre les violences basées sur le genre ne sont financés qu’à 23 %, contre 48 % en 2022. Une situation qui expose des centaines de milliers d’enfants (dont 300 000 dans les régions de l’Est en proie au conflit) au risque de perdre tout accès à cette aide vitale.

A noter qu’entre 2022 et 2024, l’Unicef indique avoir aidé 24 200 enfants, mais les coupes budgétaires menacent ces services.

« Cette crise liée à la violence sexuelle exige une intervention immédiate… Les auteurs doivent être mis face à leurs responsabilités, tandis que les femmes et les enfants doivent avoir accès aux services de protection et de soutien indispensables », a fait valoir Catherine Russell.

Appel à écouter les enfants et agir

À l’approche du 30e anniversaire du mandat relatif aux enfants et aux conflits armés, la Représentante spéciale des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés, Vanessa Frazier, a demandé aux dirigeants du monde de faire une chose : écouter et agir.

Dans une déclaration à la presse publiée mardi, elle a cité les mots d’un enfant congolais transmis par le biais de la campagne Prove It Matters. « Mon rôle n’est pas dans un conflit armé », a-t-il dit.

Mme Frazier a rappelé qu’en RDC, mais aussi à Gaza, en Haïti, au Myanmar, au Nigéria, en Somalie, au Soudan, en Ukraine et dans de nombreux autres situations de conflit, les enfants ont subi des niveaux effroyables de violations graves de leurs droits en 2025, comme l’ont documenté les Nations Unies.

« Nous ne pouvons pas changer 2025, mais nous pouvons agir et être résolus à changer la situation des enfants touchés par les conflits armés en 2026 », a-t-elle affirmé. « Les enfants ont des droits, les enfants veulent la paix : Écoutez-les et agissez ». 

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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