« Les espoirs et les attentes sont immenses, et les défis à venir le sont tout autant », a résumé jeudi la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques de l’ONU, Rosemary DiCarlo, lors d’un exposé au Conseil de sécurité. Un diagnostic sans illusion, à la mesure d’un pays qui tente de se relever après 14 années de guerre civile et plusieurs décennies d’une dictature sanglante.
Des institutions relevées
Depuis la chute d’al-Assad, le 8 décembre 2024, les signaux de changement sont pourtant réels. Les institutions étatiques ont été rétablies, comme en témoigne la formation d’un nouveau gouvernement de transition, la promulgation d’une déclaration constitutionnelle, l’organisation d’élections législatives indirectes et le lancement d’un dialogue national.
Plus d’un million de réfugiés et près de deux millions de déplacés à l’intérieur du pays sont rentrés chez eux. Sur le plan international, la levée progressive des sanctions a ouvert la voie à une réintégration économique longtemps bloquée.
Riyad Avlar (à gauche) a subi des tortures physiques, psychologiques et sexuelles pendant 21 ans de détention dans les prisons du régime syrien d’Assad. Il est de retour en Syrie.
Le retour, entre espoir et dénuement
Mais ce retour vers la normalité reste inachevé, souvent brutal. Ceux qui rentrent chez eux doivent faire face à la dure réalité du quotidien. « Nombre de ces familles retrouvent des habitations endommagées ou détruites, et des communautés privées de services de base ou d’opportunités d’emploi », a souligné Joyce Msuya, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires de l’ONU.
À court terme, a-t-elle prévenu, elles « continueront de dépendre de l’aide humanitaire pour satisfaire leurs besoins essentiels ».
Des violences persistantes
La violence, bien que réduite, n’a pas disparu. Les massacres de civils appartenant à la minorité alaouite au mois de mars, à la suite d’affrontements meurtriers entre milices pro-gouvernementales et groupes armés affiliés à l’ancien régime d’al-Assad sur la côte ouest syrienne, l’attentat contre une église à Damas au mois de juin, les violences communautaires entre Druzes et Bédouins à Souweïda, dans le sud, ou les tensions persistantes entre l’armée syrienne et les Forces démocratiques syriennes, une coalition majoritairement kurde qui contrôlent de larges pans du Nord-Est, rappellent la fragilité de l’équilibre actuel.
« Des centaines de civils ont été tués dans ces violences, provoquant de nouveaux déplacements », a alerté Rosemary DiCarlo, évoquant aussi des exécutions sommaires et des enlèvements ciblant certaines communautés.
Des civils fuyant une zone contrôlée par Daech durant la guerre civile syrienne, à proximité de Raqqa (photo d’archive).
Frappes israéliennes et résurgence djihadiste
À ces fractures internes s’ajoutent des menaces extérieures et sécuritaires. Les frappes israéliennes dans le sud ont aggravé les déplacements et l’insécurité, tandis que la résurgence de Daech reste une préoccupation centrale. L’attaque récente perpétrée par le groupe terroriste près de Palmyre contre une patrouille conjointe syro-américaine, dans laquelle trois Américains, dont deux soldats, ont trouvé la mort, illustre combien la stabilisation demeure réversible.
L’urgence humanitaire et la chute des financements
Face à ce paysage instable, l’enjeu humanitaire reste colossal. Malgré une réorganisation de l’aide et des gains d’efficacité, les financements s’effondrent. « Avec un appel humanitaire pour 2025 financé à seulement 30 %, des millions de personnes supplémentaires demeurent hors de portée de notre aide », a averti Joyce Msuya, évoquant des réductions d’assistance et des choix douloureux sur le terrain.
L’ONU insiste désormais sur un basculement progressif de l’urgence vers le relèvement, sans rupture brutale. Réforme du secteur de la sécurité, déminage, justice transitionnelle, retour des investissements : tout est lié. « La transition entre l’aide humanitaire et le relèvement et la reconstruction à plus long terme nécessitera le soutien d’un large éventail de partenaires », a rappelé Mme Msuya, soulignant que les effets économiques et sociaux de la levée des sanctions prendront du temps.
Des femmes participent à une session d’autonomisation communautaire à Damas, en Syrie.
Les femmes, clef d’une reconstruction durable
Au cœur de cette reconstruction incertaine, les femmes occupent une place centrale. « La participation pleine et effective des femmes syriennes à l’élaboration de cet avenir est indispensable », a insisté Rosemary DiCarlo. Une exigence politique autant qu’un impératif social, dans un pays où les violences, les déplacements et la pauvreté ont touché les femmes de manière disproportionnée.
La Syrie, aujourd’hui, n’est ni entrée dans la paix, ni retombée dans la guerre. Le pays, qui a accueilli en début de mois une délégation du Conseil de sécurité, vit dans un entre-deux où tout peut basculer, vers un apaisement durable ou vers de nouvelles lignes de fracture. « Il est rare qu’une crise de l’ampleur de celle de la Syrie s’accompagne d’une perspective de redressement aussi tangible », a toutefois conclu Joyce Msuya. Encore faut-il, a-t-elle prévenu, que la communauté internationale choisisse de ne pas détourner le regard au moment précis où l’histoire semble offrir une étroite fenêtre de réparation.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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