Créée en 2003, alors que l’Iraq émergeait de décennies de dictature et de guerres régionales, la MANUI a accompagné le pays à travers l’insurrection qui a suivi la chute du régime de Saddam Hussein, l’effondrement de l’État, puis la lutte contre Daech. « Lorsque la MANUI a été créée, l’Iraq était un pays très différent de ce qu’il est aujourd’hui », rappelle M. Al Hassan dans un entretien accordé à ONU Info.

La mission a elle-même été marquée par la violence dès ses débuts. En août 2003, quelques jours après son déploiement, un attentat contre le siège de l’ONU à Bagdad faisait 22 morts parmi le personnel et plus de 100 blessés.

Un attentat à la voiture piégée a détruit le siège des Nations Unies à Bagdad, le 19 août 2003.

Une nouvelle phase

Plus de deux décennies plus tard, le contexte a changé. « Grâce avant tout aux sacrifices du peuple iraquien, et avec le soutien de la communauté internationale, en particulier des Nations Unies, l’Iraa estime être prêt à entrer dans une nouvelle phase, en consolidant sa souveraineté et son intégrité territoriale. Je crois profondément que l’Irak est prêt pour cela », affirme M. Al Hassan.

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, se rendra à Bagdad pour marquer officiellement la fin de la mission, aux côtés des autorités iraquiennes et du corps diplomatique. Une visite que le chef de l’ONU a présentée comme le signe clair que la mission est arrivée à son terme.

MANUI – Bureau de l’information

Une électrice dans un bureau de vote à Erbil, dans la région du Kurdistan, en Iraq, le jour du scrutin pour les élections parlementaires, le 12 mai 2018.

Des élections jugées crédibles

Pour le responsable onusien, les développements politiques récents illustrent la stabilisation progressive du pays. Les élections législatives de novembre, organisées avec l’appui de la MANUI, ont été largement saluées pour leur crédibilité. Avec une participation de 56 %, elles ont aussi témoigné d’un regain d’engagement citoyen.

« Ce furent les élections les plus justes, les plus libres et les plus pacifiques », affirme M. Al Hassan. « Quand on voit une élection aussi équitable et démocratique, on comprend qu’il s’agit d’une foi dans un nouvel Iraq ».

Au fil des années, la MANUI a joué un rôle de soutien dans des domaines variés : conseil aux autorités sur la stabilisation politique, promotion d’un dialogue national inclusif, appui aux efforts de réconciliation locale dans les régions affectées par les conflits, et assistance électorale lors de plusieurs scrutins nationaux et locaux.

Un redressement sécuritaire inachevé

L’un des héritages majeurs de la mission demeure l’amélioration de la situation sécuritaire. « L’Iraq n’aurait jamais pu vaincre Daech sans l’aide des Nations Unies et de la communauté internationale », estime M. Al Hassan, tout en insistant sur le rôle décisif joué par « le courage et la résilience des Iraquiens ».

Le pays reste néanmoins marqué par les séquelles du conflit. Environ un million de personnes sont toujours déplacées à l’intérieur de l’Iraq, dont plus de 100 000 Yazidis vivant encore dans des camps après les atrocités commises par l’organisation djihadiste. Beaucoup demeurent incapables de regagner leurs foyers, notamment dans la région de Sinjar, en raison de la destruction des infrastructures et de problèmes de sécurité persistants.

« J’espère qu’ils auront le temps, les ressources et le soutien nécessaires pour retourner dans les foyers dont ils ont été arrachés », confie le responsable onusien. « Il était temps ».

Au centre de réadaptation de Jeddah, en Iraq, le Secrétaire général de l’ONU a rencontré des personnes rapatriées du camp d’Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, où de nombreux Iraqiens, Syriens et ressortissants d’autres pays sont toujours bloqués (2023).

Les droits des femmes, un chantier ouvert

La promotion des droits humains, et en particulier ceux des femmes, a constitué un axe central du mandat de la MANUI. Si M. Al Hassan reconnaît des progrès, il met en garde contre les reculs persistants. « Oui, l’Iraq d’aujourd’hui est bien meilleur qu’avant en matière de droits des femmes », dit-il. « Mais les violences à leur encontre ont malheureusement augmenté ».

Selon lui, les avancées durables devront désormais être portées par les institutions nationales. « Nous voulons que les Irakiens soient les garants et les défenseurs des droits des femmes, à travers le droit iraquien, la protection iraquienne et la législation iraquienne ».

Ces enjeux restent d’autant plus sensibles que l’Iraq s’apprête à siéger au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. « Le pays doit agir en conséquence », insiste M. Al Hassan, en garantissant la protection des femmes, des jeunes et des minorités, ainsi que la liberté d’expression.

Les partenaires humanitaires distribuent de l’aide d’urgence dans le village d’Ibrahim Khalil en Iraq (photo d’archive).

Une présence onusienne appelée à se poursuivre

La fermeture de la MANUI ne signifie pas le départ de l’ONU. « On confond souvent la MANUI avec les Nations Unies », observe M. Al Hassan. « Toutes les agences spécialisées – l’UNICEF, l’OMS, l’OIM, le PNUD et bien d’autres – resteront en Iraq. Même la Banque mondiale et le FMI ouvrent de nouveaux bureaux ».

Riche en ressources pétrolières et doté d’un produit intérieur brut conséquent, cette nation du Proche-Orient ne sollicite plus une aide humanitaire classique. « L’Iraa n’a pas besoin de charité ; il a besoin du soutien et de l’amitié de la communauté internationale », résume le chef de la mission sortante.

Qualifiant le pays de « réussite » dans une région marquée par l’instabilité, M. Al Hassan appelle les partenaires internationaux à laisser au pays l’espace nécessaire pour consolider ses acquis. « Mon message à la communauté internationale et aux pays voisins est de donner à l’Iraq la chance de prouver qu’il mérite la liberté pour laquelle les Irakiens ont payé un prix très lourd ».

Le départ de la MANUI ne met donc pas un terme à la relation entre Bagdad et les Nations Unies. « Je n’ai aucun doute que les Iraqiens ont tourné la page pour en ouvrir une autre, bien plus belle qu’auparavant », conclut-il.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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