La fin des transitions politiques au Tchad et au Gabon n’a pas dissipé les fragilités profondes dans ces deux pays, juge le chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), tandis que les crises au Soudan et dans le bassin du lac Tchad continuent de projeter leur ombre sur la région.
Des crises entremêlées
Au Tchad, où les élections sénatoriales de février ont mis officiellement fin à la transition, les autorités promettent selon M. Abarry un nouveau départ marqué par un « ambitieux programme de développement national ». Mais cette trajectoire reste suspendue à une réalité plus lourde : le pays porte désormais une part majeure du fardeau humanitaire soudanais.
Depuis l’éclatement de la guerre civile dans la nation du nord-est africain, en avril 2023, plus de 1,2 million de personnes fuyant les combats ont franchi la frontière tchadienne – une marée humaine accueillie, souligne M. Abarry, avec une « hospitalité et une générosité remarquables ». La prise, fin novembre, par les miliciens des Forces de soutien rapide (FSR) de la ville d’El Fasher, au Darfour, a encore provoqué l’arrivée de près de 13 000 nouveaux réfugiés.
Entre les camps surpeuplés, l’eau qui manque et les épidémies qui guettent, le Tchad se retrouve en première ligne d’une crise régionale qui dépasse largement ses capacités. « L’insécurité alimentaire est très préoccupante », insiste le chef d’UNOCA. Alors que sept millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, le plan de réponse 2025 n’est financé qu’à hauteur d’un quart.
M. Abarry, qui n’a pas évoqué le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), demande au Conseil de poursuivre ses efforts en faveur de la résolution du conflit soudanais qui impacte, outre le Tchad, la stabilité de la République centrafricaine et de la région.
Une famille qui a fui Boko Haram vit désormais sous une tente dans un camp de déplacés dans le nord-est du Niger.
Persistance des menaces djihadistes
Dans le bassin du lac Tchad, les groupes djihadistes affiliés à Boko Haram « continuent de démontrer leur capacité à s’adapter ». Cette guerre diffuse, qui dure depuis plus d’une décennie, fait peser une pression constante sur les populations les plus vulnérables du Niger, du Tchad et au Cameroun.
« Cette détresse humaine porte malheureusement le visage de femmes et d’enfants », rappelle M. Abarry, qui s’est rendu à plusieurs reprises sur le terrain.
Des élections, des tensions et des promesses
À l’intérieur même des frontières, les évolutions politiques restent contrastées. Au Gabon, la transition touche également à son terme. L’élection présidentielle et législative de fin décembre doit clore la période d’incertitude entamée après le coup d’État d’août 2023. « A la fin de cette année, il n’y aura plus de transition politique en cours en Afrique centrale », salue M. Abarry.
Le climat électoral apaisé doit désormais se traduire par une gouvernance plus inclusive. « Il nous semble important de voir le Gabon maintenir sa politique de dialogue et d’inclusion », a-t-il plaidé.
Au Cameroun, l’élection présidentielle du 12 octobre s’est déroulée « dans le calme », mais les violences ayant suivi le scrutin, dont la mort en détention de l’opposant Anicet Ekane, ont suscité « la vive préoccupation » du Secrétaire général. L’envoyé de l’ONU dit espérer les « mesures d’apaisement nécessaires » pour restaurer la cohésion nationale.
À l’inverse, en République centrafricaine, les autorités s’apprêtent à organiser un quadruple scrutin qui symbolise, selon lui, un « remarquable relèvement ». Mais ce redressement reste fragile : les progrès en matière de sécurité et de gouvernance doivent encore être consolidés, tout comme les réformes engagées à São Tomé-et-Principe ou au Congo, où la tenue d’une présidentielle apaisée demeure cruciale.
Un système onusien sous tension
Au-delà des dynamiques nationales, Abdou Abarry alerte sur une menace plus structurelle : l’affaiblissement des capacités de l’ONU elle-même dans une région qui, juge-t-il, a « grandement besoin » des services de l’UNOCA. « La réduction de 20 % de son personnel de même que la limitation, voire l’impossibilité de nos déplacements […] entrave sérieusement notre capacité à mener à bien nos bons offices », prévient-il. Une manière à peine voilée de rappeler que les crises ne se résolvent pas sans diplomatie active – et sans ressources.
Dans une Afrique centrale traversée de tensions anciennes, de frontières poreuses et de chocs exogènes – guerres voisines, déplacements massifs, pressions climatiques –, l’architecture régionale peine à absorber seule les secousses. Les initiatives de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), qu’il s’agisse de la médiation menée pour le retour du Rwanda ou du dialogue frontalier entre le Gabon et la Guinée équatoriale, témoignent d’une volonté politique, mais celle-ci ne suffira pas si l’accompagnement international s’effrite.
Les crises s’étendent plus vite que les moyens déployés pour les contenir. « Le Bureau régional pour l’Afrique Centrale […] continuera la mise en œuvre de son important mandat, pour une Afrique centrale de paix, de stabilité et de prospérité », assure Abdou Abarry. Autrement dit, il appartient désormais au Conseil de lui en donner les moyens.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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