Au Soudan du Sud, un employé de la MINUSS, la mission de maintien de la paix dans le pays, est mort cette semaine en captivité, après avoir été arrêté par des personnels en uniforme. 

Au Yémen, 10 membres du personnel de l’ONU ont été arbitrairement détenus jeudi, portant à 69 le nombre total des employés onusiens retenus par les milices houthistes qui ont pris possession du nord et de l’ouest du pays. 

Et en l’espace d’une semaine, six Casques bleus du Bangladesh ont été tués dans le cadre de la guerre civile au Soudan. Pour les Nations unies, cette séquence est brutale, et le constat sans détour : l’emblème censé garantir la neutralité et la protection devient de plus en plus fragile.

Mort de Bol Rhoch Mayol Kuot en captivité

Le drame de Wau porte désormais un nom. Le 15 décembre, Bol Rhoch Mayol Kuot, ressortissant sud-soudanais employé comme assistant linguistique par la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS), a été « détenu par la force par des agents de sécurité près de la ville de Wau, dans l’État de Bahr el-Ghazal occidental, puis tué par ses ravisseurs », selon un communiqué publié vendredi par le Secrétaire général de l’ONU. António Guterres y « condamne dans les termes les plus fermes le meurtre d’un membre civil du personnel servant au sein de la MINUSS ».

Dès l’arrestation de l’agent, la mission avait engagé des démarches auprès des autorités locales afin d’obtenir sa libération. En vain. « Nous sommes dévastés par la perte de notre collègue », a déclaré Anita Kiki Gbeho, cheffe par intérim de la MINUSS. « Le meurtre de membres du personnel des Nations Unies est inacceptable. Nous appelons à une enquête immédiate et approfondie afin de déterminer les circonstances de sa détention et de sa mort, et de garantir que justice soit rendue à lui et à sa famille. La sûreté et la sécurité du personnel de l’ONU doivent toujours être respectées ».

Le Secrétaire général a, lui aussi, appelé le gouvernement sud-soudanais à « ne ménager aucun effort pour que les responsables de ce crime odieux soient rapidement traduits en justice », tout en adressant ses « plus sincères condoléances » à la famille et aux proches de la victime.

Créée en 2011, à la suite de l’indépendance du pays, la MINUSS opère dans l’un des contextes sécuritaires les plus instables du continent. Forte de plus de 17 000 civils, policiers et militaires, elle est chargée de protéger les civils, de surveiller les violations des droits humains et de soutenir la consolidation de la paix, dans un environnement marqué par des violences intercommunautaires persistantes.

Des enfants devant un véhicule détruit à Saada, dans le nord du Yémen, une ville sous le contrôle des houthistes.

Détentions arbitraires au Yémen

Au même moment, à plusieurs milliers de kilomètres de là, au Yémen, la situation se dégrade encore. Dans un communiqué publié vendredi, le chef de l’ONU a condamné « la détention arbitraire », jeudi, de 10 nouveaux membres du personnel onusien, dénonçant une dynamique qui, selon António Guterres, « rend intenable l’acheminement de l’aide humanitaire des Nations Unies dans les zones contrôlées par les houthistes » et affecte directement « des millions de personnes dans le besoin ». 

Le Secrétaire général a appelé à « la libération immédiate et inconditionnelle » de tous les employés de l’ONU, ainsi que les membres d’ONG et du corps diplomatiques, détenus par la milice chiite, ainsi qu’au respect des privilèges et immunités des Nations unies.

Une tendance « très inquiétante »

Derrière la fermeté du communiqué de M. Guterres, la colère est palpable. Elle s’est exprimée sans détour lors du point de presse quotidien de l’ONU, à New York. « Nous devons pouvoir travailler dans les endroits les plus dangereux, parce que le drapeau est censé offrir une protection », a lancé Stéphane Dujarric, le porte-parole du Secrétaire général. « Mais aussi parce que les États Membres devraient nous aider. […] Or, on se sent parfois bien seuls. Chaque État membre devrait se montrer plus ferme et s’exprimer plus ouvertement, car l’absence de protection du personnel des Nations Unies concerne tous les États membres ».

Devant les journalistes, le porte-parole a jugé la tendance très inquiétante. « L’emblème de l’ONU n’offre plus à nos collègues la protection qu’il devrait », a-t-il déploré, rappelant que plus de 300 employés de l’organisation ont été tués rien qu’à Gaza. « L’ONU est là pour la paix, pour les populations : elle doit être respectée », s’est-il impatienté.

À New York, l’ONU promet de poursuivre ses efforts diplomatiques, au Conseil de sécurité comme dans ses échanges directs avec les autorités de facto au Yémen, afin d’obtenir la libération de ses agents. À Wau, elle exige une enquête « rapide et transparente » et que les responsables rendent des comptes. Mais au-delà des procédures et des communiqués, une inquiétude traverse désormais l’institution : celle de voir la neutralité humanitaire, longtemps considérée comme une ligne de protection, devenir une ligne de front.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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