Signés le 21 novembre 1995 et officiellement entérinés le mois suivant à Paris, les accords de Dayton ont figé un compromis arraché au terme de trois années d’un conflit interethnique dévastateur en Bosnie-Herzégovine, opposant Bosniaques musulmans, Serbes orthodoxes et Croates catholiques. Le processus a instauré un État unique mais profondément décentralisé, composé de deux entités – la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine, qui regroupe les communautés bosniaques et croates, et la Republika Srpska, à majorité serbe – ainsi que du District de Brčko, placé sous statut particulier pour éviter toute partition territoriale.
De nombreux bâtiments de Sarajevo ont été endommagés pendant la guerre. Photo: UNHCR/L. Taylor
Dans une déclaration, le Conseil de sécurité réaffirme son « attachement indéfectible à la souveraineté, à l’intégrité territoriale et à l’indépendance politique de la Bosnie-Herzégovine », estimant que la protection des droits des trois principales communautés du pays – reconnues comme « peuples constitutifs » – et le caractère multiethnique de l’État restent « essentiels à sa stabilité et à son avenir démocratique ». Un rappel de principes qui sonne comme une mise en garde, à l’heure où les blocages institutionnels et les discours nationalistes fragilisent régulièrement l’édifice.
Une paix installée, mais fragile
Les membres du Conseil insistent sur la nécessité de régler les différends par le dialogue et le consensus. Ils exhorte les responsables politiques, « à tous les échelons », à s’abstenir de toute rhétorique ou initiative susceptible de « semer la discorde » ou d’alimenter la confrontation. Derrière la prudence diplomatique, transparaît l’inquiétude face aux remises en cause récurrentes de l’ordre constitutionnel issu de Dayton, notamment au sein de la Republika Srpska.
La déclaration insiste également sur la réconciliation et la cohésion sociale, conditions indispensables d’un État résilient. Trois décennies après la fin des combats, marqués par le siège de Sarajevo et le massacre de Srebrenica, les lignes de fracture communautaires restent profondes, nourries par une mémoire de la guerre encore vive et par un système politique qui institutionnalise l’appartenance ethnique.
En 1995, fils de fer barbelés autour d’un camp accueillant 25 000 personnes le génocide de 8 000 hommes et enfants musulmans bosniaques à Srebrenica.
Le rôle de la communauté internationale
Symbole de cette fragilité persistante, la présence internationale demeure. Le Conseil se félicite ainsi du maintien de l’opération militaire de l’Union européenne, EUFOR Althea, autorisée en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations unies. Chargée de garantir un environnement sûr et stable, cette force rappelle que la paix bosnienne reste, en dernier ressort, sous surveillance internationale.
Pour autant, l’objectif affiché est clair : le retrait progressif de cette présence. Le Conseil encourage un dialogue renforcé entre les trois peuples constitutifs « sur les priorités communes », avec l’appui des partenaires internationaux, en vue d’un transfert complet des responsabilités politiques et économiques aux autorités nationales, conformément à l’esprit de Dayton.
Les Balkans occidentaux en ligne de mire
Au-delà de la Bosnie-Herzégovine, la déclaration s’inscrit dans une vision régionale. Le Conseil souligne l’importance de la coopération et des relations de bon voisinage, qu’il qualifie de « piliers essentiels » d’une paix durable dans les Balkans occidentaux. Une région où les cicatrices des conflits des années 1990 demeurent visibles, et où toute déstabilisation pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières bosniennes.
En formant le vœu que le trentième anniversaire de l’accord de Dayton serve de catalyseur à un « renouveau du dialogue » et à la reconstruction de la confiance, le Conseil de sécurité rappelle une évidence souvent oubliée : Dayton n’était pas une fin en soi, mais un point de départ. La paix tient toujours, mais elle exige, plus que jamais, vigilance, compromis et volonté politique.
Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).
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