Face aux journalistes, l’ancienne ministre allemande des affaires étrangères n’a pas cherché à esquiver. Interpellée sur l’attaque israélienne survenue le matin même contre des dirigeants du Hamas à Doha, dans laquelle au moins six personnes ont trouvé la mort, elle a répondu du tac au tac : « L’escalade d’aujourd’hui est évidemment préoccupante, et j’appelle toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue… La souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les États Membres doivent être respectées et ne sauraient être violées ». 

Au Proche-Orient, a-t-elle ajouté, « ce dont la région a besoin, ce n’est pas d’une nouvelle surenchère, mais d’efforts diplomatiques intensifiés vers un cessez-le-feu immédiat et permanent », assortis d’une amélioration de la situation humanitaire à Gaza et de la libération des otages détenus par le Hamas depuis le 7 octobre 2023.

À une autre question sur la possibilité de voir le président palestinien intervenir par visioconférence lors de la semaine de haut niveau de l’Assemblée, le 22 septembre prochain, suite au refus de Washington d’accorder des visas au membres de l’Autorité palestinienne, Mme Baerbock a rappelé que « le pays hôte doit accorder l’accès à toutes les délégations, comme cela est la pratique établie depuis huit décennies ». Manière de souligner que, malgré les crispations, l’Assemblée demeure un forum universel.

Le flambeau d’une transition

Quelques instants plus tôt, le Secrétaire général de l’ONU avait officiellement clos la précédente session annuelle de l’Assemblée en rendant hommage à Philémon Yang, son président sortant. Le Camerounais a été salué pour avoir conduit, dès les premiers jours de son mandat, le Sommet de l’avenir et son corollaire, le Pacte pour l’avenir, présenté comme un socle de réformes pour adapter l’ONU à un monde en mutation. « Il a présidé l’Assemblée générale avec sagesse, vision et compétence, tout en œuvrant à forger des solutions multilatérales et en portant une voix forte pour l’Afrique », a résumé António Guterres.

À quelques heures de l’entame, dans l’après-midi, de la nouvelle session de l’Assemblée, qui marquera le 80ᵉ anniversaire de l’organisation et de sa charte, M. Guterres a tenu à replacer l’ONU dans le contexte de sa création, au sortir de la seconde guerre mondiale : « La force des Nations Unies dépendait de l’engagement des pays à regarder au-delà de leurs seuls intérêts nationaux — et à envisager ce que nous pouvions accomplir en nous tenant unis. Cette vérité est tout aussi essentielle aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a quatre-vingts ans ».

Annalena Baerbock (au centre), présidente élue de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, prête serment lors de la séance de clôture de la 79e session de l’Assemblée générale.

Une présidente sous serment

C’est durant cette réunion de clôture que Mme Baerbock a été investie en tant que présidente de la 80e session de l’Assemblée, devenant ainsi la cinquième femme, et la première issue d’Europe, à accéder à cette fonction. 

Vêtue de blanc, fidèle à ce symbole d’émancipation des femmes qu’elle avait déjà arboré lors de son élection, il y a trois mois, elle a pris la mesure de la gravité du moment. « Être investie sur la Charte originelle de l’ONU nous rappelle ce que le monde peut accomplir ensemble », a-t-elle déclaré lors de la conférence de presse. 

« De Gaza à l’Ukraine, du Soudan à Haïti, nous voyons aussi combien de fois nous avons échoué à tenir ses promesses : en matière de paix et de sécurité, de droits humains, de justice et de durabilité », a-t-elle poursuivi, avant d’avertir : « L’ONU est sous pression, financièrement comme politiquement ». À ses yeux, la tâche est claire : « maintenir les Nations Unies en vie, les renforcer et les adapter au XXIᵉ siècle ».

Son slogan — We Are Better Together (« Nous sommes meilleurs ensemble ») — se veut une réponse directe au doute qui ronge le multilatéralisme. « La tâche de cette Assemblée générale est de montrer aux huit milliards d’êtres humains pourquoi cette organisation demeure essentielle », a insisté la nouvelle présidente.

Un mandat sous haute surveillance

Pour Annalena Baerbock, le baptême du feu ne fait que commencer. Elle aura la lourde responsabilité de superviser le processus de sélection du ou de la prochaine Secrétaire générale, alors que le mandat d’António Guterres arrive à son terme à la fin 2026. Elle devra aussi démontrer que l’Assemblée générale — « le seul organe véritablement universel », selon ses mots — peut encore peser sur la scène mondiale.

Elle devra également présider les célébrations du 80e anniversaire d’une organisation minée par la fragilité de ses finances, la paralysie du Conseil de sécurité, et les guerres à répétition – plus de 120 conflits armés dans le monde. 

« Est-ce que ce sera facile ? Assurément non. Mais je suis convaincue que nous avons besoin des Nations Unies plus que jamais », a-t-elle affirmé. En ce mois de septembre, l’ONU avance entre incertitude et urgence. Et c’est à cette Européenne de 44 ans qu’il revient désormais d’incarner la promesse d’un multilatéralisme toujours vivant.

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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