Certaines mettent leur enfant au monde seules ; d’autres s’en remettent à des voisins sans formation médicale. Dans l’enclave palestinienne, la naissance est devenue une épreuve vitale.

Avant l’entrée en vigueur du fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, le 10 octobre dernier, l’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA) estimait que 55 000 femmes enceintes étaient prises dans « une spirale de déplacements, de bombardements et de faim aiguë », privées d’accès fiable aux soins.

Des chirurgiens opèrent un patient à l’hôpital Al-Quds à Gaza.

Un système de santé exsangue, malgré des réouvertures

Depuis le cessez-le-feu, 42 établissements de santé – dont quatre hôpitaux – ont rouvert ou repris leurs activités. L’enclave compte aussi un hôpital de campagne, 16 centres de soins primaires et une vingtaine de points médicaux nouvellement créés ou réactivés. 

Mais ces signes de reprise ne doivent pas masquer l’essentiel : 60 % des points de service de santé restent hors service après deux ans de guerre, laissant le système sous une pression qualifiée de « considérable » par les agences humanitaires.

Les hôpitaux restés opérationnels demeurent « submergés » par des patients gravement blessés ou souffrant de malnutrition. L’approvisionnement en fournitures médicales n’a pas augmenté de manière significative, entraînant des pénuries aiguës de solutions intraveineuses, d’anesthésiques et même de gaze. Une unité de soins intensifs pédiatriques rénovée a bien été ouverte à Al-Shifa, mais l’effondrement général des capacités demeure.

Plus grave encore : il manque un médicament vital pour les 1 100 patients dépendant de la dialyse, tandis que le territoire ne dispose que d’un seul scanner en état de marche, à l’hôpital Al-Ahli, à Gaza-ville, dans le nord, contraignant les médecins à rationner les examens d’imagerie.

Des femmes et filles de Gaza se rendent dans un « safe space » soutenu par l’UNFPA.

Hémorragies, prématurité, mort-nés : un bilan qui s’alourdit

Dans ce contexte de pénuries et de structures saturées, les naissances prématurées se multiplient, tout comme les fausses couches et les mort-nés, conséquences directes de la malnutrition et d’un climat de peur permanente.

Chaque jour, 130 bébés naissent à Gaza. Plus d’un quart par césarienne. Un nouveau-né sur cinq est prématuré, avec des complications qui nécessiteraient normalement une prise en charge spécialisée.

Pour tenter de préserver ce qui peut l’être, l’UNFPA soutient 22 établissements, dont cinq hôpitaux, et a déployé 175 sages-femmes

« Notre soutien a fait une différence », affirme Nestor Owomuhangi, représentant de l’agence en Palestine.

Dans les ruines d’Al-Shifa, une obstination « extraordinaire »

L’hôpital Al-Shifa était autrefois le plus grand service de maternité de Gaza-ville et l’enclave dans son ensemble. Aujourd’hui, l’établissement est en grande partie détruit, mais les équipes continuent, malgré tout, de prodiguer des soins aux patients. Pour M. Owomuhangi, leur persévérance n’est « rien de moins qu’extraordinaire ».

J’ai utilisé le couteau pour couper le cordon ombilical et des lingettes humides comme pansements

Sur le terrain, les sages-femmes travaillent dans un dénuement extrême. Sahar raconte avoir aidé une amie à accoucher dans le quartier assiégé de Zeitoun à l’aide d’un simple couteau de cuisine chauffé au feu :
« Je n’avais ni gants, ni instruments. J’ai utilisé le couteau pour couper le cordon ombilical et des lingettes humides comme pansements ».

Lors d’un autre accouchement, les drones tournaient au-dessus d’elle : « Ils tiraient sur tout ce qui bougeait. J’ai dû crier mes instructions à distance ». Quand elle atteint finalement la mère, le bébé est déjà né, bleu, en détresse respiratoire. « Il avait besoin d’une couveuse, mais il n’y en avait pas ».

Des accouchements souvent tragiques

Selon l’UNFPA, 98 % des naissances ont encore lieu dans des structures de santé, mais 18 par jour se déroulent désormais loin des hôpitaux, souvent avec des conséquences dramatiques.

Sahar se souvient d’une femme décédée d’une hémorragie postpartum. « Il n’y avait pas de sang, pas de moyen de transport, pas de médecin. Nous n’avons pas pu arrêter l’hémorragie ».

La mère est morte, laissant derrière elle son nouveau-né.

Accès réduit aux soins reproductifs : un risque massif

L’UNFPA souligne que l’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive demeure extrêmement limité. Seuls 14 hôpitaux et 64 centres de soins primaires fournissent actuellement ces services – et tous de manière partielle.

Nestor Owomuhangi, représentant de l’UNFPA en Palestine, lors d’une visite des initiatives de son agence à Gaza.

Selon l’agence, 40 000 femmes enceintes déplacées vivent dans des conditions de surpeuplement et d’insalubrité qui accroissent leur vulnérabilité et leur empêchent d’accéder à des soins vitaux en temps utile.

« Il est impossible de se relever sans un accès fiable aux médicaments, aux consommables, au carburant et aux équipements médicaux », insiste le porte-parole de l’UNFPA.

L’agence onusienne continue d’acheminer médicaments, kits d’hygiène et fournitures de santé reproductive par l’Égypte, chaque fois que cela est possible. Elle fournit aussi une aide financière aux femmes vulnérables, une ligne d’assistance, ainsi que vêtements et articles d’hygiène aux familles déplacées.

« Nous continuerons d’apporter des fournitures du monde entier », assure Nestor Owomuhangi, « jusqu’à ce que chaque naissance à Gaza puisse avoir lieu en toute sécurité ».

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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