Un accouchement prolongé et obstrué peut entraîner la mort maternelle, la mortinaissance et une lésion grave appelée fistule obstétricale. Cette affection provoque l’incontinence et expose les femmes à des troubles physiques tels que l’infection et la stérilité, ainsi qu’à des problèmes de santé mentale dus à la stigmatisation sociale et à l’ostracisme.

Depuis vingt ans, l’agence des Nations Unies chargée des questions de santé sexuelle et reproductive, l’UNFPA, mène une campagne mondiale pour l’élimination de la fistule, qui vise à éliminer la fistule d’ici 2030 par la prévention, le traitement, la réinsertion sociale des survivantes et des programmes de sensibilisation.

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale, découvrez comment l’UNFPA met en œuvre ces stratégies.

Prévention en Côte d’Ivoire

Éviter les blessures graves pendant l’accouchement peut dépendre en grande partie de la personne qui se trouve dans la salle d’accouchement. Les Nations Unies ont distingué les sages-femmes pour leur rôle crucial dans « le sauvetage de la vie des mères et des nouveau-nés et la prévention de la morbidité, y compris la fistule obstétricale ».

Mais les efforts de prévention sont souvent déployés bien avant les premières douleurs de l’accouchement. En Côte d’Ivoire, le pasteur Kouakou Adou Kouamé, membre du comité de soutien à la fistule de l’Association ivoirienne pour le bien-être familial, s’efforce de diffuser des informations sur la maladie parmi ses fidèles et au-delà, à l’église baptiste de Bondoukou.

« Nous sensibilisons les communautés, les villages », explique-t-il. « Nous ne touchons pas seulement nos fidèles ».

Le pasteur Adou utilise sa position pour aider les gens à comprendre et à éviter les dangers de la fistule. Lors des mariages en particulier, il met en garde les jeunes mariés contre les accouchements à domicile, qui peuvent accroître les risques de blessures pendant l’accouchement.

« Un enfant va bientôt naître », leur dit-il. « Lorsqu’une femme est en train d’accoucher, elle doit se trouver à proximité du centre de santé ».

Traitement à Madagascar

La chirurgie reconstructrice est la principale méthode de réparation des fistules obstétricales. Depuis 2003, l’UNFPA a soutenu directement plus de 138.000 opérations de la fistule.

Marie Jaqueline Raharimanana d’Antananarivo, à Madagascar, a été opérée de la fistule en 2020. Elle avait subi cette blessure lors de l’accouchement après deux jours complets de travail sous la surveillance d’une sage-femme à la retraite, qui avait refusé que Mme Raharimanana se rende à l’hôpital.

« La sage-femme a dit à ma mère qu’elle n’avait pas le choix. Soit nous sauvons le bébé, soit nous sauvons la mère », a déclaré Mme Raharimanana. Le bébé est mort-né et Mme Raharimanana se retrouve avec un handicap dévastateur.

« Dès que le bébé est sorti, je n’ai plus pu me retenir d’uriner ».

Pendant six mois, Mme Raharimanana a été clouée au lit. Elle a dû lutter contre la perte de son bébé et la honte de son état, qu’elle ne comprenait pas entièrement. La sensibilisation à la fistule dans le monde peut être faible, ce qui conduit les femmes et les jeunes filles concernées à ne pas profiter des possibilités de traitement.

Le coût et l’accès peuvent également constituer des obstacles au traitement dans certains pays. En Zambie, par exemple, seuls huit médecins pratiquent des opérations de la fistule.

En septembre 2020, un parent de Mme Raharimanana lui a recommandé de consulter un médecin, qui lui a suggéré de se rendre dans une maternité d’Antananarivo où des médecins pratiquaient des opérations de la fistule. La première intervention a eu lieu six mois après l’accouchement.

Mme Raharimanana a déclaré qu’elle avait constaté une amélioration de son état depuis qu’elle avait été traitée et qu’elle continuait à recevoir des soins de suivi. Aujourd’hui, elle attend l’aval de ses médecins pour réaliser son rêve de mariage et d’enfants. « Les médecins m’ont assuré que je n’étais pas en retard et je leur fais entièrement confiance. Tant que je ne serai pas rétablie, je ne prendrai pas ce chemin », a-t-elle dit.

Réintégration sociale au Burkina Faso

Un élément important du traitement de la fistule a plus à voir avec la société qu’avec la chirurgie. Malheureusement, en raison de l’incontinence provoquée par la blessure, les survivantes sont souvent reléguées à la périphérie de leur communauté et abandonnées par leurs partenaires et les membres de leur famille.

C’est malheureusement ce qu’a vécu Noelie Nikiema, 48 ans, mère de cinq enfants. Mme Nikiema a été victime d’une fistule obstétricale lors de la naissance de son dernier enfant il y a dix ans. Son mari l’a ensuite quittée et s’est remarié.

Mme Nikiema s’est réfugiée chez son oncle à Ouagadougou.

« Pendant huit ans, je n’ai pas pu quitter la cour ni recevoir de visiteurs à cause des fuites incontrôlées », a-t-elle déclaré à l’UNFPA.

Deux interventions soutenues par l’UNFPA l’ont aidée à sortir de l’isolement et à réintégrer la société. Une opération gratuite de la fistule à l’hôpital de Schiphra, qu’elle a obtenue en novembre 2022, et un cours de formation au tissage et à la teinture du tissu.

Cela fait maintenant quatre mois qu’elle gère une entreprise de tissage dans la cour de son oncle. « Avec ce revenu, je parviens à subvenir aux besoins de mes enfants et à aider les membres de ma nouvelle famille », a-t-elle déclaré.

 

Plaidoyer en Côte d’Ivoire

L’ONU souligne le rôle central que les survivantes de la fistule peuvent jouer en tant que championnes de l’élimination de la fistule.

Odile Siekoua, mère ivoirienne de deux enfants, a vécu avec une fistule obstétricale pendant 23 ans avant de pouvoir obtenir un traitement soutenu par l’UNFPA en 2012 pour réparer son état.

Mme Siekoua connaît bien les dommages que la fistule peut causer au corps et à l’esprit. Son partenaire l’a ostracisée à cause de son état, tout comme sa famille. En 2010, après que Mme Siekoua a été contrainte de fuir son village en raison de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, ses sœurs de Grand-Bassam ne l’ont autorisée à rester chez elles que temporairement, car elles étaient contrariées par son incontinence.

Mme Siekoua a finalement trouvé refuge dans une décharge. « Lorsqu’il pleuvait, je devais me coucher sur mon enfant pour éviter qu’il ne soit mouillé », raconte-t-elle. « Ce n’est que deux ans plus tard que mon premier fils m’a aidée à rentrer à Man ».

Après avoir obtenu un traitement pour sa maladie à Man, Mme Siekoua est devenue agent de santé communautaire en 2016. Son objectif est de sensibiliser sa communauté à la fistule obstétricale dans l’espoir que d’autres femmes n’auront pas à endurer ce qu’elle a vécu.

Chantal Gonti, 48 ans, est l’une des femmes qu’elle a aidées. Cette survivante de la fistule a été traitée de sorcière par son mari en raison de son état, qu’elle a enduré pendant 15 ans avant d’être orientée par Mme Siekoua vers un traitement.

Aujourd’hui, Mme Gonti est tisserande et commerçante. « Avant, je ne pouvais pas approcher les gens », dit-elle. « Ma vie a changé. Je gagne de l’argent pour envoyer mes enfants à l’école et subvenir à mes besoins ».

Source of original article: United Nations (news.un.org). Photo credit: UN. The content of this article does not necessarily reflect the views or opinion of Global Diaspora News (www.globaldiasporanews.com).

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